Métrique en Ligne
DES_1/DES39
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ÉLÉGIES
ÉLÉGIE
Il fait nuit : le vent souffle et passe dans ma lyre ; 12
Ma lyre tristement s’éveille auprès de moi : 12
On dirait qu’elle pleure un tourment, un délire ; 12
On dirait qu’elle essaie à se plaindre de toi ; 12
5 De toi, qu’elle appelait pour m’aider à t’attendre, 12
Qui la rendis si vraie, et par malheur si tendre ! 12
Car tu ne peux ravir à ses accords touchants 12
Ton nom, toujours ton nom, qui courait dans mes chants, 12
Elle ne le dit plus ce nom doux et sonore ; 12
10 Elle ne le dit plus, elle le pleure encore ! 12
Combien elle a frémi, combien elle a chanté, 12
Sous les prompts battements de mon cœur agité, 12
Alors que, dans l’orgueil des amantes aimées, 12
Je confiais mon âme aux cordes animées ! 12
15 Je croyais que les cieux ne donnaient tant d’amour 12
Que pour en pénétrer une autre âme à son tour ! 12
Ah ! j’aurais dû mourir, doucement endormie, 12
Dans cette erreur charmante où j’étais ton amie. 12
Devrait-on s’éveiller de ces rêves confus, 12
20 Pour y penser toujours, et pour n’y croire plus ? 12
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