Métrique en Ligne
DES_1/DES33
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ÉLÉGIES
À DÉLIE
Par un badinage enchanteur, 8
Vous aussi, vous m’avez trompée ! 8
Vous m’avez fait embrasser une erreur : 10
Légère comme vous, elle s’est échappée. 12
5 Pour me guérir du mal qu’Amour m’a fait, 10
Vous avez abusé de votre esprit aimable ; 12
Et je vous trouverais coupable, 8
Si je pouvais en vous trouver rien d’imparfait. 12
Je l’ai vu cet amant si discret et si tendre ; 12
10 J’ai suivi son maintien, son silence, sa voix. 12
Ai-je pu m’abuser sur l’objet de son choix ? 12
Ses regards vous parlaient, et j’ai su les entendre. 12
Mon cœur est éclairé, mais il n’est point jaloux. 12
J’ai lu ces vers charmants où son âme respire ; 12
15 C’est l’Amour qui l’inspire, 6
Et l’inspire pour vous. 6
Pour vous aussi je veux être la même. 10
Non, vous n’inspirez pas un sentiment léger ; 12
Que ce soit d’amitié, d’amour, que l’on vous aime, 12
20 Le cœur qui vous aima ne peut jamais changer. 12
Laissez-moi ma mélancolie : 8
Je la préfère à l’ivresse d’un jour : 10
On peut rire avec la Folie, 8
Mais il n’est pas prudent de rire avec l’Amour. 12
25 Laissez-moi fuir un danger plein de charmes, 10
Ne m’offrez plus un cœur qui n’est qu’à vous : 10
Le badinage le plus doux 8
Finit quelquefois par les larmes. 8
Mais je n’ai rien perdu, la tranquille amitié 12
30 Redeviendra bientôt le charme de ma vie ; 12
Je renonce à l’amant, et je garde une amie : 12
C’est du bonheur la plus douce moitié. 10
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