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J’ai vu nos moissonneurs réunis sous l’ombrage ; |
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Ils chantaient ; mais pas un ne dit bien ta chanson. |
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Ma mère, lasse enfin de veiller la moisson, |
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Dormait. Je voyais tout, les yeux sur mon ouvrage. |
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Alors, en retenant le souffle de mon cœur, |
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Qui battait sous ma collerette, |
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Je fuyais dans les blés ainsi qu’une fauvette, |
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Quand on l’appelle, ou qu’elle a peur. |
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Je suivais, en courant, ton image chérie, |
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Qui m’attirait, souriait comme toi ; |
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Mais aux travaux de la prairie |
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Les malins moissonneurs m’enchaînaient malgré moi. |
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L’un m’appelait si haut qu’il éveillait ma mère ; |
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Je revenais confuse, en cueillant des pavots, |
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Et, caressant ses yeux de leur fraîcheur légère, |
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Je grondais le méchant qui troublait son repos. |
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Hélas ! j’aurais voulu m’endormir auprès d’elle, |
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Mais je ne dors jamais le jour ; |
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La nuit même, la nuit me paraît éternelle, |
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Et j’aime mieux te voir que de rêver d’amour. |
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Que mon cœur est changé ! comme il était tranquille ! |
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Je le sentais à peine respirer. |
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Ah ! quand il ne fait plus que battre et soupirer, |
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L’heure qui nous sépare au temps est inutile. |
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En voyant le soleil encor si loin du soir, |
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Je me disais : « Mon Dieu ! que ma mère est heureuse ! |
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Le repos la surprend dès qu’elle peut s’asseoir ; |
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Ma mère n’est pas amoureuse ! » |
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Et je fermais les yeux pour rêver le bonheur ; |
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Et mes yeux te voyaient couché dans ce bois sombre, |
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Et, quand tu gémissais à l’ombre, |
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Le soleil me brûlait le cœur. |
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De ce bois où mon âme était tout attachée, |
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Deux fois j’ai vu sortir ton chien ; |
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Par ton ordre peut-être il appelait le mien ; |
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Le mien n’osait répondre, et j’en étais touchée. |
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Pauvres chiens ! vieux amis ! frères du même jour, |
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Comme en vous revoyant votre joie est paisible ! |
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Olivier ! l’amitié n’a donc rien de pénible ? |
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Ils sont donc plus heureux ? mais ils n’ont pas d’amour. |
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Olivier, voudrais-tu ?… Que ton sourire est tendre ! |
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L’amitié n’est pas là ! Je ne puis plus parler, |
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Dis-moi… que disions-nous ? Oh ! comment rappeler |
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Tout ce qui me reste à t’apprendre ? |
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