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Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
POÉSIES INÉDITES
ROMANCES
LE DERNIER RENDEZ-VOUS
Mon seul amour ! embrasse-moi. 8
Si la Mort me veut avant toi, 8
Je bénis Dieu ; tu m’as aimée ! 8
Ce doux hymen eut peu d’instants. 8
5 Tu vois ! les fleurs n’ont qu’un printemps, 8
Et la rose meurt embaumée. 8
Mais quand, sous tes pieds renfermée, 8
Tu viendras me parler tout bas, 8
Crains-tu que je n’entende pas ? 8
10 Je t’entendrai, mon seul amour ! 8
Triste dans mon dernier séjour, 8
Si le courage t’abandonne ; 8
Et la nuit, sans te commander, 8
J’irai doucement te gronder, 8
15 Puis te dire : « Dieu nous pardonne ! » 8
Et, d’une voix que le ciel donne, 8
Je te peindrai les cieux tout bas : 8
Crains-tu de ne m’entendre pas ? 8
J’irai seule, en quittant tes yeux, 8
20 T’attendre à la porte des cieux, 8
Et prier pour ta délivrance. 8
Oh ! dussé-je y rester longtemps, 8
Je veux y couler mes instants 8
À t’adoucir quelque souffrance ; 8
25 Puis un jour, avec l’Espérance, 8
Je viendrai délier tes pas ; 8
Crains-tu que je ne vienne pas ? 8
Je viendrai, car tu dois mourir, 8
Sans être las de me chérir ; 8
30 Et comme deux ramiers fidèles, 8
Séparés par de sombres jours, 8
Pour monter où l’on vit toujours, 8
Nous entrelacerons nos ailes ! 8
Là, nos heures sont éternelles. 8
35 Quand Dieu nous l’a promis tout bas, 8
Crois-tu que je n’écoutais pas ? 8
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