Métrique en Ligne
DES_1/DES203
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
POÉSIES INÉDITES
ROMANCES
LE PRISONNIER DE GUERRE
Tu t’en vas ? Reste encore ; 6
Je te perds pour longtemps ! 6
Et tu vois que l’aurore 6
Luit depuis peu d’instants. 6
5 Tantôt sur le rivage 6
Je marcherai sans toi ; 6
J’y reste en esclavage, 6
Pauvre de moi ! 4
Nous avons vu la vie 6
10 Sous les mêmes couleurs ; 6
Elle a pu faire envie, 6
Car elle eut bien des fleurs. 6
La guerre était la gloire, 6
J’y courus avec toi ; 6
15 J’ai payé la victoire, 6
Pauvre de moi ! 4
Sur combien de blessures 6
A-t-on rivé nos fers ! 6
Ils en font de plus sûres, 6
20 Dans leurs prisons d’enfer. 6
J’ai raillé ma souffrance, 6
Enchaîné près de toi ; 6
Mais tu pars pour la France, 6
Pauvre de moi ! 4
25 Ma plaie envenimée 6
Arrête ici mes pas ; 6
Mortelle et renfermée, 6
Elle s’aigrit tout bas. 6
Sur un ponton de guerre 6
30 Faut-il languir sans toi ? 6
Je te suivais naguère, 6
Pauvre de moi ! 4
Si ma blonde Angeline, 6
En te voyant passer, 6
35 Inquiète s’incline, 6
Timide à t’embrasser ; 6
À cet ange modeste, 6
Qui rn attend avec toi, 6
Ne dis pas où je reste 6
40 Pauvre de moi ! 4
Au foyer de ton père 6
Si le mien va s’asseoir, 6
Mon nom sera, j’espère, 6
Dans vos récits du soir ; 6
45 Quand ses yeux pleins de larmes 6
S’attacheront sur toi, 6
Fais-lui bénir nos armes, 6
Pauvre de moi ! 4
logo du CRISCO logo de l'université