Métrique en Ligne
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Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
POÉSIES INÉDITES
ROMANCES
LA JEUNE CHATELAINE
« Je vous défends, châtelaine, 7
De courir seule au grand bois. » 7
M’y voici, tout hors d’haleine, 7
Et pour la seconde fois. 7
5 J’aurais manqué de courage 7
Dans ce long sentier perdu ; 7
Mais que j’en aime l’ombrage ! 7
Mon seigneur l’a défendu. 7
« Je vous défends, belle mie, 7
10 Ce rondeau vif et moqueur. » 7
Je n’étais pas endormie 7
Que je le savais par cœur. 7
Depuis ce jour je le chante ; 7
Pas un refrain n’est perdu : 7
15 Dieu ! que ce rondeau m’enchante ! 7
Mon seigneur l’a défendu. 7
« Je vous défends sur mon page 7
De jamais lever les yeux. » 7
Et voilà que son image 7
20 Me suit, m’obsède en tous lieux. 7
Je l’entends qui, par mégarde, 7
Au bois s’est aussi perdu. 7
D’où vient que je le regarde ? 7
Mon seigneur l’a défendu. 7
25 Mon seigneur défend encore 7
Au pauvre enfant de parler ; 7
Et sa voix douce et sonore 7
Ne dit plus rien sans trembler. 7
Qu’il doit souffrir de se taire ! 7
30 Pour causer quel temps perdu ! 7
Mais, mon page, comment faire ? 7
Mon seigneur l’a défendu. 7
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