POÉSIES INÉDITES MÉLANGES |
LE SAGE ET LES DORMEURS |
|
« Levez-vous de bonne heure, enfants ! disait un sage. |
12 |
|
N’éteignez pas le jour, la vie est un flambeau ; |
12 |
|
Tenez les yeux ouverts durant ce court passage : |
12 |
|
Nous dormons si longtemps couchés dans le tombeau ! » |
12 |
|
5 |
Alors qu’un père parle il faut bien se résoudre. |
12 |
|
On se lève, étouffant de timides rumeurs ; |
12 |
|
Et la fraîcheur de l’aube achève de dissoudre |
12 |
|
Quelques pavots épars sur le front des dormeurs. |
12 |
|
Les voilà dans les bois, où tout s’éveille et chante, |
12 |
10 |
Où la feuille frémit sur l’arbuste embaumé, |
12 |
|
Où l’oiseau dit aux fleurs, aux cieux, qu’il est aimé, |
12 |
|
Où tout brille et s’empreint d’une grâce touchante. |
12 |
|
|
Ils vont. L’heureux vieillard de loin poursuit leurs pas. |
12 |
|
Dans le parfum des fleurs s’exhale sa prière : |
12 |
15 |
« Dieu ! protégez mes fils ! mes fils !… Ils seront las : |
12 |
|
Jamais leur pied sitôt n’a foulé la bruyère. » |
12 |
|
À sa voix ses enfants se jettent dans son sein, |
12 |
|
Demi-nus, palpitants de peur et de colère. |
12 |
|
Loin des frelons ainsi l’on voit fuir un essaim |
12 |
20 |
D’abeilles regagnant la ruche tutélaire. |
12 |
|
|
« Voyez, voyez, mon père ! ils nous ont tout ravi, |
12 |
|
Des brigands qui chantaient, qui raillaient sur nos traces ; |
12 |
|
De nous lever pour eux ils nous ont rendu grâces. |
12 |
|
Quel conseil, ô mon père ! et nous l’avons suivi ! |
12 |
|
25 |
— N’en dites point de mal, mes fils, suivez-le encore. |
12 |
|
Demandez aux voleurs riant de leur délit ; |
12 |
|
S’ils n’avaient avant vous sollicité l’aurore, |
12 |
|
Ils n’auraient pas trouvé votre argent dans leur lit. » |
12 |
|