POÉSIES INÉDITES MÉLANGES |
UN BRUIT D’AUTREFOIS |
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Quel bruit ! quel triste bruit s’échappe de la ville ? |
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Écoute ! Ici, partout, il porte la terreur ! |
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On ne rit plus déjà dans ce riant asile ; |
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Ce bruit glace la danse, il arrête le cœur. |
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On dit que loin de nous la liberté s’envole ; |
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On dit qu’il ne faut plus se taire ni parler, |
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Qu’il faut peser trois fois le mot le plus frivole ; |
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Liberté ! comme toi je voudrais m’envoler ! |
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Ce bruit change en froideur l’amitié longue et tendre ; |
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On s’observe, on se craint, on se fuit sans retour. |
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Des frères qui s’aimaient ne savent plus s’entendre ; |
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Juge de sa puissance ! il éteindrait l’amour. |
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Une larme, une fleur, donnée avec mystère, |
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Peut nous causer l’exil, et c’est presque la mort ! |
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Mon Dieu ! s’il ne faut plus ni parler ni se taire ; |
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La pensée innocente aura l’air d’un remord. |
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On dit qu’au souvenir s’attache la défense. |
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Hélas ! toutes nos voix vont-elles s’arrêter ? |
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Oublîrons-nous le chant qui berça notre enfance ? |
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Heureux l’oiseau du ciel : il peut fuir et chanter. |
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Que je plains les mortels ! que je me plains moi-même ! |
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Sais-tu, veux-tu savoir ce que je deviendrais |
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Si l’on me défendait de chanter ce que j’aime ? |
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J’obéirais un jour, et le soir je mourrais. |
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