POÉSIES INÉDITES MÉLANGES |
LA VALLÉE DE LA SCARPE |
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Mon beau pays, mon frais berceau, |
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Air pur de ma verte contrée, |
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Lieux où mon enfance ignorée |
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Coulait comme un humble ruisseau ; |
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S’il me reste des jours, m’en irai-je attendrie |
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Errer sur vos chemins qui jettent tant de fleurs , |
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Replonger tous mes ans dans une rêverie |
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Où l’âme n’entend plus que ce seul mot : « Patrie ! » |
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Et ne répond que par des pleurs ? |
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Ciel !… un peu de ma vie ira-t-elle, paisible, |
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Se perdre sur la Scarpe au cristal argenté ? |
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Cette eau qui m’a portée, innocente et sensible, |
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Frémira-t-elle un jour sous mon sort agité ? |
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Entendrai-je au rivage, encor cette harmonie, |
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Ce bruit de l’univers, cette voie infinie, |
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Qui parlait sur ma tête et chantait à la fois |
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Comme un peuple lointain répondant à ma voix ? |
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Quand le dernier rayon d’un jour qui va s’éteindre |
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Colore l’eau qui tremble et qui porte au sommeil, |
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Ô mon premier miroir ! ô mon plus doux soleil ! |
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Je vous vois… et jamais je ne peux vous atteindre ! |
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Mais cette heure était belle, et belle sa couleur : |
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Dans son doux souvenir un moment reposée, |
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Elle passe à mon âme ainsi que la rosée |
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Passe au fond d’une fleur. |
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D ’un repentir qui dort elle suspend la chaîne ; |
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Pour la goûter en paix le temps se meut à peine ; |
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Non, ce n’est pas la nuit, non, ce n’est pas le jour : |
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C’est une douce fée, et je la nomme : Amour ! |
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C’est l’heure où l’âme en vain détrompée et flétrie |
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Rappelle en gémissant l’âme qu’elle a chérie. |
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Oh ! qui n’a souhaité redevenir enfant ! |
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Dans le fond de mon cœur que je le suis souvent ! |
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Mais comme un jeune oiseau, né sous un beau feuillage, |
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Fraîchement balancé dans l’arbre paternel, |
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Supposait à sa vie un printemps éternel, |
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Et qui voit accourir l’hiver dans un orage, |
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J’ai vu tomber la feuille, au vert pur et joyeux, |
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Dont le frémissement plaisait à mon oreille ; |
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Du même arbre aujourd’hui la fleur n’est plus pareille. |
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Le temps, déjà le temps a-t-il touché mes yeux ? |
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Du moins, là-bas, dans l’ombre, où par lui tout arrive |
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Si mes pas chancelants tombent avant le soir, |
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Il est doux en fuyant de regarder la rive |
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Où naguères l’on vint jouer avec l’espoir. |
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Là, de la vague enfance un regret qui sommeille |
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Dans les fleurs du passé tout-à-coup se réveille ; |
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Il reparaît vivant à nos yeux d’aujourd’hui ; |
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On tend les bras, on pleure en passant devant lui ! |
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Ce tendre abattement vous saisit-il, mon frère, |
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Le soir, quand vous passez près du seuil de mon père ? |
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Croyez-vous voir mon père assis, calme, rêveur ? |
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Dites-vous à quelqu’un : « Elle était là, ma sœur ! » |
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Eh bien ! racontez-moi ce qu’on fait dans nos plaines ; |
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Peignez-moi vos plaisirs, vos jeux, surtout vos peines. |
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Dans l’église isolée… où tu m’as dit adieu, |
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Mon frère, donne encore à l’aveugle qui prie : |
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Dis que c’est pour ta sœur ; dis, pour ta sœur chérie ; |
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Dis que ta sœur est triste, et qu’il en parle à Dieu ! |
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Et le vieux prisonnier de la haute tourelle |
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Respire-t-il encore à travers les barreaux ? |
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Partage-t-il toujours avec la tourterelle |
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Son pain, qu’avaient déjà partagé ses bourreaux ? |
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Cette fille de l’air, à la prison vouée, |
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Dont l’aile palpitante appelait le captif, |
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Était-ce une âme aimante au malheur envoyée ? |
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Était-ce l’espérance au vol tendre et furtif ? |
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Oui ; si les vents du nord chassaient l’oiseau débile, |
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L’œil perçant du captif le cherchait jusqu’au soir : |
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De l’espace désert voyageur immobile, |
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Il oubliait de vivre ; il attendait l’espoir. |
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Car toujours jusqu’au terme où nous devons atteindre, |
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Jusqu’au jour qui n’a plus pour nous de lendemain, |
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Le flambeau de l’espoir vacille sans s’éteindre, |
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Comme un rayon qui part d’une immortelle main. |
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Et lui, voit-il encor la froide sentinelle |
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Attachée en silence au cercle de ses jours ? |
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D’une faute expiée est-ce l’ombre éternelle ? |
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Sur ses rêves troublés veille-t-elle toujours ? |
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Regarde-t-il encor sous sa demeure sombre |
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Les fleurs ?… Libre du moins, toi, tu les cueilleras ! |
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Oh ! que j’ai vu souvent ses yeux luire dans l’ombre, |
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Étonnés qu’un enfant vînt lui tendre les bras ! |
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Il me montrait ses mains l’une à l’autre enchaînées ; |
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Je les voyais trembler, pâles et décharnées. |
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Au poids de tant de fer joignait-il un remord ? |
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Est-il heureux enfin ? est-il libre ? est-il mort ? |
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Que j’ai pleuré sa vie ! Ô Liberté céleste, |
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Sans toi, mon jeune cœur étouffait dans mon sein ; |
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Je t’implorais au pied de ce donjon funeste. |
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Un jour… as-tu, mon frère, oublié ce dessein ? |
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De la déesse un jour tu me montras l’image. |
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Ô Dieu ! qu’elle était belle ! Arrivais-tu des cieux, |
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Liberté, pour ouvrir et pour charmer les yeux ? |
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Dans nos temples d’alors on te rendait hommage ; |
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Partout l’encens, les fleurs, l’or mûri des moissons, |
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Les danses du jeune âge et les jeunes chansons, |
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Partout l’étonnement, le doux rire des Grâces, |
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Partout la foule émue à genoux sur tes traces ! |
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Et je voulais courir, pour le vieux prisonnier, |
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Te chercher par le monde où l’on t’avait revue ; |
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Te demander pourquoi, dans nos champs revenue, |
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À bénir ton retour il était le dernier. |
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Doux crime d’un enfant ! clémence aventureuse ! |
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Je t’aime, un jour entier tu m’as rendue heureuse ! |
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Toi dont le cœur naïf y prêta du secours, |
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Mon frère, dans mes vœux reconnais-moi toujours. |
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Que jamais sur ta vie une grille inflexible |
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N’étende son voile de fer ! |
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Sois libre ! et que le sort content, s’il est possible, |
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N’ajoute plus tes maux à ce que j’ai souffert ! |
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On m’arrêta fuyante ; et, craintive, à ma mère |
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Je fus à jointes mains conduite vers le soir. |
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Ô mère ! trop heureuse encor de me revoir, |
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Sa tremblante leçon ne me fut point amère ; |
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Car, de mon front coupable en détachant les fleurs, |
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Pour cacher son sourire elle baisa mes pleurs. |
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J’oubliai mon voyage, et jamais ta souffrance, |
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Vieux captif ! et jamais ton doux nom, Liberté ! |
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Et jamais ton pardon de mon cœur regretté, |
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Ma mère ! et ton beau rêve envolé, belle France ! |
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Et la leçon : « Ma fille, où voulez-vous courir ? |
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Votre idole n’est pas où vous pensez l’atteindre. |
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Un flambeau vous éclaire, et vous alliez l’éteindre : |
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Ce flambeau, c’est ma vie, et je n’ai qu’à mourir, |
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Si vous m’abandonnez. Pour vous, chère ingénue, |
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Livrée à des regrets que vous ne savez pas, |
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Sous le toit déserté, faible et traînant vos pas, |
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Trop tard vous seriez revenue. |
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Vos yeux à peine ouverts égareront vos jours, |
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Enfant, si près de moi vous ne marchez toujours. |
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« La Liberté, ma fille, est un ange qui vole. |
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Pour l’arrêter longtemps là terre est trop frivole. |
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Trop d’encens lui déplaît, trop de cris lui font peur ; |
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Elle étouffe en un temple, et sa puissante haleine, |
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Qui cherche les parfums et l’air pur de la plaine, |
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Rafraîchit en passant le front du laboureur. |
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On dit qu’elle descend rapide, inattendue ; |
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Que son aile sur nous repose détendue… |
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Hélas ! où donc est-elle ? En vain j’ouvre les yeux ; |
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En vain, dit-on : « Voyez !» Je ne la vois qu’aux cieux. |
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Loin, bien loin des palais, au toit du pauvre même, |
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Où l’on travaille en paix, où l’on prie, où l’on aime, |
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Où l’indigence obtient une obole et des pleurs, |
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La déesse en silence aime à jeter ses fleurs. |
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Les fleurs tombent sans bruit, et de peur de l’envie, |
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On les effeuille à Dieu, qui dit : « Cache ta vie. » |
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Ainsi priez, ma fille, et marchez près de moi : |
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Un jour tout sera libre, et Dieu seul sera roi. » |
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