POÉSIES INÉDITES MÉLANGES |
LE RETOUR CHEZ DÉLIE |
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C’est ici… Pardonnez, je respire avec peine ; |
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Mes genoux affaiblis me forcent à m’asseoir. |
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Ici, tous mes secrets vous cherchèrent un soir. |
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Oh ! que de souvenirs un souvenir ramène ! |
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Ô mémoire du cœur, vous garde-t-on toujours ? |
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Oui, le temps fane en vain les roses sur nos têtes ; |
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Le temps éteint toutes les fêtes : |
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Il n’éteint pas tous les amours ! |
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Trois étés de ces bois ont embaumé l’ombrage, |
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Depuis que, m’exilant sur des rives sans fleurs, |
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Je n’emportai que le triste courage, |
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En pleurant, de cacher mes pleurs. |
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Ne me reprochez plus ma fuite et mon silence ; |
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Ne pressez pas mon cœur plein de ces jours amers : |
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Hélas ! quand l’aquilon souffle avec violence, |
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L’alcyon qui s’envole est morne sur les mers. |
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Dans mon isolement j’enfermais ma pensée ; |
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Des maux que je fuyais poursuivie et lassée, |
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D’avance je traînais les maux qui m’attendaient, |
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Et, quand vous m’accusiez, mes larmes répondaient. |
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Que les bords étrangers sont froids pour la souffrance ! |
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En vain de doux regards y plaignaient ma langueur, |
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En vain !… Tous les regards importunent le cœur, |
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Quand on n’y voit plus l’espérance. |
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Quel attrait déchirant me fait donc revenir ?… |
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Ah ! ne le nommez pas ! Souffrez que ma tristesse, |
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Qui ne veut rien du temps, mais qui craint sa vitesse, |
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S’arrête sur un souvenir. |
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C’est vous ! je vous revois, toujours belle, Délie ! |
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De mes siècles de pleurs à peine un seul moment |
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Semble avoir dans son vol touché ce front charmant, |
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Et du Dieu qui me hait vous êtes embellie. |
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Pour fixer le bonheur avez-vous un secret ? |
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Ne pouvez-vous pas me l’apprendre ? |
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Je croyais !… Du bonheur ce que j’ai su comprendre, |
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C’est qu’on en meurt par le regret. |
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Ne vous étonnez plus : en recevant la vie, |
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De tout ce qu’elle offrait je n’ai vu que l’amour ; |
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Mon cœur le respirait avec l’air et le jour. |
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À quelque chère idole en tous temps asservie, |
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Je tombais à genoux pour adorer des fleurs ; |
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Je me vouais surtout à la plus solitaire ; |
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Elle me semblait triste, et je sentais des pleurs |
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S’échapper de mon sein. Aimante avec mystère, |
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Je courais raconter à quelque humble arbrisseau |
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Ce que j’avais souffert du tourment de l’étude ; |
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Comme au fond de mon cœur dormait l’inquiétude, |
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Quand mes heures coulaient au bruit d’un clair ruisseau ! |
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Qu’ils étaient loin alors ces maîtres sans clémence |
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Qui ne m’apprenaient qu’à frémir ! |
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Que Dieu me semblait grand, dans cet espace immense |
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Où je n’entendais rien gémir ! |
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Le timbre dont l’horloge éveillait mes alarmes, |
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La leçon monotone et les regards grondeurs, |
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Et le livre muet imbibé de mes larmes, |
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Soleil ! tout se perdait dans tes pures splendeurs ! |
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Dérobée en furtive aux sévères entraves |
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De l’école où tremblaient mes compagnes esclaves, |
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J’étais libre, j’errais, je suspendais mes pas, |
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Je répondais… à qui ? je ne le savais pas ; |
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Mais un intime accent, toujours, toujours le même, |
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Me suivait, me parlait, me répétait : « Je t’aime ! » |
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Et d’avance, à ce mot en tous lieux entendu, |
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« Je t’aime ! » était le mot que j’avais répondu. |
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Ne riez pas, Délie ! écoutez ! de ma mère |
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Ayez pour un moment l’indulgente pitié ; |
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Elle ne riait pas de cette sève amère |
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Qui de son tendre fruit consumait la moitié. |
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Mère, elle m’entendait lorsqu’en ses bras penchée, |
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Mes yeux priaient ses yeux de prendre mon secret ; |
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Peut-être sa pitié, sur mon âme attachée, |
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Reconnaissait son âme où veillait un regret ; |
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Car mes jeunes amours n’avaient pas d’inconstance ; |
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Pour l’arbrisseau chéri j’appelais le printemps ; |
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S’il mourait, à mon existence |
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Un doux ombrage, un charme, allait manquer longtemps, |
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Et je ne chantais plus ; sa verdure fanée |
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Ornait mon front pensif aux jeux bruyants du soir : |
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Ce n’étaient plus mes jeux ; de leurs cris consternée, |
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J’allais près de ma mère et languir et m’asseoir ; |
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Et ma mère, en berçant ma fièvre douloureuse, |
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Disait que l’arbrisseau reverdirait un jour. |
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Cette fièvre du cœur, c’était déjà l’amour, |
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Et je ne fus jamais à demi malheureuse. |
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Jugez quand ce fut lui ! quand j’entendis sa voix, |
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Cet accent retrouvé ! Que suis-je devenue, |
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Quand je vis mon idole à mes pieds reconnue, |
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Tous mes rêves épars ressaisis à la fois ? |
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J’osai me croire aimée : alors toute la terre |
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Tressaillit avec moi, me rapprocha des cieux. |
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Pour écouter longtemps je sus longtemps me taire, |
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Et je ne répondis qu’au regard de ses yeux : |
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J’osai le soutenir, et je perdis mon âme ; |
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Je ne me souvins plus, je n’attendis plus rien ; |
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L’univers, c’était lui ; lui m’appela son bien ; |
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Et tout s’anéantit dans notre double flamme. |
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Les voilà donc ces lieux où je donnai mes jours ! |
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Rien n’est changé… que lui, dans ce touchant asile ! |
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C’est le même parfum qui court dans l’air tranquille ! |
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Cette lampe y brûle toujours ! |
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Ô Délie ! est-ce là que j’ai souri moi-même |
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À l’objet adoré que m’offrait ce miroir ? |
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Qu’il est beau le miroir qui double ce qu’on aime ! |
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Ce portrait qui se meut, quel bonheur de le voir ! |
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Je marche où de ses pieds mes pieds pressaient l’empreinte ! |
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Que de fois, pour tromper l’embarras le plus doux, |
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Cette harpe, au hasard, parla seule entre nous ! |
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Mais ces lieux qu’à présent je parcours avec crainte, |
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Ces parfums, ces flambeaux, ces brillantes couleurs, |
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Ces contrastes de mes douleurs, |
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Ces messages riants qu’à vos pieds on envoie, |
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Tout parle, tout s’empreint d’une alarmante joie, |
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Et mon cœur… oui, mon cœur entend qu’il va venir : |
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Cruelle ! et vous vouliez encor me retenir ! |
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Vous me trompiez… Adieu ! Votre main caressante |
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Ne m’enchaînera plus : je suis libre aujourd’hui. |
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En me réunissant à lui, |
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Croyez-vous n’inventer qu’une ruse innocente ? |
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Je n’ai donc pas souffert ? Regardez-moi ! L’amour |
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N’est donc qu’un mot frivole, un rêve, un badinage, |
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Un lien sans devoir égarant le jeune âge, |
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Qu’il brise et reprend tour à tour ? |
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Je ne sais ; mais, adieu ! Fière autant que sensible, |
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Dans l’effroi d’abaisser ma douleur à ses pieds, |
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J’ai fui ; laissez-moi fuir. Quoi ! pour cet inflexible, |
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C’est vous qui me priez ! |
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« Il le veut », dites-vous. Il veut ! toujours le même : |
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Voilà comme il régnait sur mes esprits confus ; |
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J’obéissais toujours, mais je disais : « Il m’aime ! » |
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Ose-t-on commander à ceux qu’on n’aime plus ? |
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Que veut-il ? Mon bonheur ? eh bien ! je suis heureuse. |
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Je suis calme, je suis… voyez ! je vis encor, |
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Dans le bruit de la fête apprenez-lui mon sort : |
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Ménagez bien son âme ; elle est si généreuse ! |
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Et si vous me nommez, choisirez-vous l’instant |
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Où quelque objet nouveau, brillant et sous les armes, |
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Fera battre et rêver son cœur déjà content, |
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Pour dire : « Elle est partie ! Oh ! que j’ai vu de larmes ! » |
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Si c’est lui qu’il faut plaindre, enfin, je le plaindrai ; |
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Mais, je le sens, jamais je ne le reverrai ! |
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Le revoir ! ô terreur ! l’entendre ! lui répondre ! |
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Reconnaître ses yeux qui m’ont donné la mort, |
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Les voir errer sur moi, sans trouble, sans remord ! |
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Balbutier son nom, m’égarer, me confondre ! |
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Le revoir ! ô douleur ! sans joie, à mon retour, |
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Interroger mes traits oubliés dans l’absence, |
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Et peut-être un moment douter, en ma présence, |
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S’il m’a connue un jour ! |
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Non ! laissez-moi m’enfuir. Que je doute moi-même |
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Si je l’ai vu jamais, si j’existe, si j’aime ! |
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Ah ! je ne le hais pas, je ne sais point haïr : |
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Mais, laissez-moi douter… mais laissez-moi m’enfuir ! |
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