IDYLLES |
PHILIS |
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Presse-toi, vieux berger, tout annonce l’orage. |
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Le vent courbe les blés, détruit la fleur sauvage ; |
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Un murmure plaintif circule au fond des bois, |
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Et l’écho me répond en attristant ma voix. |
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De ton chien prévoyant la garde est plus austère, |
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Il rôde, en haletant, d’un air triste et sévère ; |
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Du fond de la vallée il ramène un agneau |
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Et le chasse en grondant jusqu’au sein du troupeau. |
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L’ouragan tourbillonne et ravage la plaine. |
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L’éclair poursuit l’éclair, il tonne, il va pleuvoir, |
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Tout s’efface ; il fait nuit longtemps avant le soir ; |
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Et le toit de Philis ne se voit plus qu’à peine. |
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Laisse-moi te guider. Si tu ne peux courir, |
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Je soutiendrai tes pas. Ne crains point ma jeunesse ; |
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J’ai déjà quatorze ans ; j’honore la vieillesse, |
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Et je suis assez grand, du moins, pour la chérir. |
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La petite Philis t’ouvrira sa chaumière ; |
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Son père m’a vu naître, il m’appelle son fils. |
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Peut-être qu’autrefois tu connaissais sa mère ; |
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Elle n’est plus… mais viens, tu connaîtras Philis ! |
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Oui, berger, c’est Philis qui m’a dit tout à l’heure : |
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« Olivier, le ciel gronde ; on s’enferme au hameau. |
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Nous sommes à l’abri, mais au pied du coteau |
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Je vois un vieux berger ; qu’il vienne en ma demeure ! |
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Regarde sur son front voler ses cheveux blancs ; |
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Comme il lève les yeux vers le ciel en colère ! |
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Il se met à genoux… C’est qu’il a des enfants, |
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Et qu’il demande au ciel de leur garder un père ! » |
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Et Philis de mes mains a retiré sa main, |
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Et jusqu’au fond du cœur j’ai cru sentir ses larmes, |
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Et j’ai couru vers toi. Mais, au bout du chemin, |
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Tu verras s’il est doux de calmer ses alarmes. |
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Berger, voilà Philis ! — Elle nous tend les bras : |
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Vois comme son sourire est mêlé de tristesse ! |
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Elle songe à sa mère et pleure de tendresse ; |
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Sa mère lui sourit… mais ne lui répond pas ! |
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Entrons. — Le vieux berger rêve à ton doux langage, |
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Philis ; il te regarde, il est moins abattu. |
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On est calme avec toi, même au bruit de l’orage. |
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Ô Philis ! on est bien auprès de la vertu ! |
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Tandis que ses moutons, sous la feuillée obscure, |
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Arrachent à la terre une humide verdure, |
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Je lui raconterai, pour charmer ta frayeur, |
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Le plus beau de mes jours, le jour où je t’ai vue. |
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Si tu crains d’un éclair la lueur imprévue, |
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Tant que je parlerai, cache-toi sur mon cœur. |
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Cache-toi… Ma Philis n’avait pas dix années, |
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Quand le hasard lia nos âmes étonnées. |
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Je l’aimai plus que moi, plus que mon cher agneau |
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Que j’offris à Philis et qu’elle trouvait beau. |
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C’était un jour de fête, et cet agneau volage |
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S’enfuit, malgré mes cris, loin de notre village. |
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Sous ce bouquet de houx, qui cache une maison, |
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L’agneau vint se jeter… Hélas ! qu’il eut raison ! |
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J’y rencontrai Philis ; je crus la reconnaître ; |
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Je crus l’avoir aimée avant même de naître ; |
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Je sentis que mon cœur s’enfuyait vers le sien, |
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Et je vis dans ses yeux qu’elle attendait le mien. |
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Elle avait à ses pieds sa guirlande effeuillée ; |
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Elle pleurait… C’était une rose mouillée. |
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Saisi de sa douleur, je ne pouvais parler ; |
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Je ne pouvais la joindre, hélas ! ni m’en aller. |
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Son œil noir dans les pleurs brillait comme une étoile, |
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Ou comme un doux rayon quand il pleut au soleil. |
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On eût dit que mes yeux se dégageaient d’un voile |
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Et que ce doux regard enchantait mon réveil ! |
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J’oubliai mon hameau, mes parents, ma chaumière ; |
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Mon âme pour la voir venait sous ma paupière. |
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J’oubliai de punir l’agneau capricieux, |
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Je regardais Philis, et je voyais les cieux. |
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« Qui t’alarme, lui dis-je, ô petite bergère ? |
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As-tu peur d’un bélier caché dans la bruyère ? |
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Ou quelque méchant pâtre, en grossissant sa voix, |
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Ose-t-il t’empêcher de courir dans les bois ? |
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Je voudrais… Je voudrais savoir comme on t’appelle. |
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Moi, je suis Olivier. — Je suis Philis, dit-elle. |
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Je n’ai vu qu’un agneau qu’appelait un enfant, |
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Et je n’ai pas eu peur à la voix d’un méchant. |
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Mais, en cueillant des fleurs pour couronner ma tête, |
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Je disais : Ce fut donc encore un jour de fête, |
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Puisqu’on m’avait parée avec de blancs atours, |
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Que ma mère en priant s’endormit pour toujours. |
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Elle avait demandé le pasteur du village. |
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Le pasteur avait dit : « Espérance et courage ! » |
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Il bénit son sommeil, et, pleurant avec nous, |
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Parlait bas à mon père immobile à genoux. |
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Les bergers pour la voir entouraient la chaumière. |
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Son nom, qu’ils aimaient tous, unissait leur prière. |
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Sous le même rideau je voulus me cacher ; |
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Mon père, en gémissant, put seul m’en détacher. |
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Vers le soir, dans son lit un ange vint la prendre ; |
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Il emporta ma mère, et je la vis descendre |
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À travers le sentier qu’éclairaient deux flambeaux. |
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On chantait, mais ce chant m’arrachait des sanglots. |
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Je lui tendais les bras du haut de la montagne, |
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Quand je vis des hiboux voler dans la campagne. |
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Je n’osai plus crier : ma voix me faisait peur. |
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Son nom, qui m’étouffait, s’enferma dans mon cœur. |
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L’ombre m’enveloppa : le reste, je l’ignore. |
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On me trouva plongée en un profond sommeil. |
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Hélas ! dans ce sommeil on pleure, on aime encore. |
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Il en est un, dit-on, sans amour, sans réveil ! |
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Depuis ce jour de fête, on n’a pas vu ma mère ; |
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Au sentier, chaque soir, elle appelle mon père ; |
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Mais, quand je veux savoir s’il l’a vue en chemin, |
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Il soupire et me dit : « Je la verrai demain ! » |
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Voilà, petit berger, la cause de mes larmes. |
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À mon père attristé je cache mes alarmes ; |
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Pour lui plaire, souvent je me pare de fleurs, |
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Et j’apprends à sourire en retenant mes pleurs. » |
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Son père l’écoutait à travers la fenêtre ; |
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Je le pris pour le mien, en le voyant paraître. |
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D’un air triste et content il sourit à Philis, |
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Et depuis ce moment il m’appela son fils. |
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L’agneau sautait près d’elle et broutait sa couronne. |
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Hors de moi, je saisis ce précieux larcin ; |
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En tremblant de plaisir, je le mis dans mon sein. |
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« Si mon agneau te plaît, prends-le, je te le donne, |
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Dis-je alors à Philis. Chaque jour, chaque soir, |
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Si ton père y consent, je reviendrai le voir. |
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Il semble qu’il demande et choisit sa maîtresse ; |
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Comme il me caressait, je vois qu’il te caresse. |
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Les nœuds pour l’arrêter sont déjà superflus. |
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Tu lui parles, Philis, il ne m’écoute plus ! » |
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Son père, en l’embrassant, nous permit cet échange. |
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Il fallut m’en aller. Je courus, sous la grange, |
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À mes tendres parents raconter mon bonheur. |
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Je montrai la guirlande encore sur mon cœur ; |
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Je parlais de Philis et j’embrassais ma mère ; |
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Je brûlais que le jour nous rendît sa lumière. |
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En respirant des fleurs enfin je m’endormis, |
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Et mon rêve disait : — Philis ! Philis ! Philis ! |
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Ce nom charme en tous lieux mon oreille ravie ; |
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Il a frappé mon âme et commencé ma vie ; |
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Mes lèvres, en dormant, savent le prononcer, |
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Et, dans l’ombre, ma main essaie à le tracer. |
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C’est pour l’unir au mien que j’apprends à l’écrire… |
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Éveille-toi, Philis ! je n’ai plus rien à dire. |
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Tu peux ouvrir les yeux, le calme est de retour ; |
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Le soleil épuré recommence un beau jour ; |
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Avant de les quitter, il sèche nos campagnes, |
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Et de ses derniers feux redore les montagnes. |
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Ô berger ! si le ciel ici t’a fait venir, |
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C’est que le ciel nous aime, et qu’il va nous bénir ! |
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Mais tes moutons joyeux se jettent dans la plaine ; |
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La pluie et la poussière ont pénétré leur laine ; |
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Demain, dans le ruisseau qui baigne le vallon, |
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J’irai t’aider moi-même à blanchir leur toison ; |
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J’irai… de ma Philis tu vois venir le père ; |
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Elle court dans ses bras, et l’atteint la première. |
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Ô berger, si jamais, seul et loin de ton fils, |
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L’orage te surprend, souviens-toi de Philis ! |
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