Métrique en Ligne
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Tristan DERÈME
LA VERDURE DORÉE
1922
II
A Lucien Corpechot.
Quelle bataille se livre 7
Sous les constellations ? 7
Fatigué de mon cœur ivre 7
Et du cri des passions, 7
5 Lassé de lutter, de mordre 7
Et de vaincre, j'aspirais, 7
Dans l'apaisement de l'ordre, 7
À des songes mesurés. 7
Sage et pur, oubliant celle, 7
10 Dont la chevelure ainsi 7
Qu'une eau vivante ruisselle 7
Sur ma joie et mon souci, 7
Onde magnifique et noire 7
Où le poète noierait 7
15 Sa passion de la gloire, 7
Son espoir et son regret, 7
Je voulais sous le feuillage 7
De ce fabuleux été 7
Écraser sur chaque page 7
20 L'ombre chaude et la clarté, 7
Le trèfle rouge qui brûle, 7
L'air qui dort, le bruit des eaux 7
Aux rameaux du crépuscule 7
Le tumulte des oiseaux, 7
25 Dans les ténèbres fleuries 7
La lune, fruit d'un beau soir 7
L'herbe humide des prairies 7
Et l'azur sonore. — Espoir, 7
S'attaquant à la nature 7
30 Le poète la pétrit 7
Pour en faire l'œuvre où dure 7
Le triomphe de l'esprit. 7
Mais quoi ! langoureuse celle, 7
Dont la chevelure ainsi 7
35 Qu'une eau vivante ruisselle 7
Sur ma joie et mon souci, 7
Découvre sa gorge blanche 7
Et féconde en voluptés, 7
Sourit et vers moi se penche 7
40 Dans l'ombre où je méditais. 7
Qu'est-ce ? Le monde chavire 7
Comme un jeu de vains décors ; 7
Elle est belle et je respire 7
L'odeur lourde de son corps. 7
45 Vignes blanches de rosée, 7
Peupliers jaunes et verts, 7
Sa main sur mes yeux posée 7
Me dérobe l'univers. 7
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