Métrique en Ligne
DER_1/DER135
Tristan DERÈME
LA VERDURE DORÉE
1922
CXXXV
A Franc-Nohain.
Casino de Paris, Olympia, Folies 12
Bergère, quels troupeaux d'âpres mélancolies, 12
Chevreaux meurtris, béliers fourbus, dans vos lumières 12
Et vos tumultes, j'ai traînés. Mais les premières 12
5 Voluptés, leurs langueurs, leurs plaintes immortelles, 12
Ou qu'on croit telles, leurs alarmes, où sont-elles, 12
Et leurs larmes ? Douleurs, dont mes nuits étaient ivres 12
Et qu'aux tonnerres de l'orchestre, au bruit des cuivres 12
Rauques, des sourds banjos, des trompes, aux rafales 12
10 De clarté, je tentais d'abolir. Triomphales 12
Couronnes, les lauriers, aussi les marguerites, 12
Les dahlias, c'est toi seule qui les mérites 12
Et les roses, Jeunesse aux victoires secrètes 12
Et douces. Mais voici qu'au talus tu t'arrêtes 12
15 Avec ton blanc troupeau d'illusions qui broute 12
L'herbe rousse, et faut-il au désert de la route, 12
Quand le vent de la vie a soufflé les étoiles, 12
Quand mes yeux qu'enchantait la couleur de tes voiles 12
Ne voient plus que l'horreur de la nature nue, 12
20 Faut-il que vagabond triste je continue, 12
Sans l'espoir d'une auberge où je puisse descendre, 12
À marcher dans l'ennui, l'amertume et la cendre ? 12
logo du CRISCO logo de l'université