Métrique en Ligne
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Tristan DERÈME
LA VERDURE DORÉE
1922
CXXI
La vie est douce encore à ceux qui savent vivre 12
Et tirent de leurs maux de puissantes liqueurs ; 12
Suspendez ce fracas, ce tambour et ce cuivre : 12
Il n'est besoin de cris pour émouvoir nos cœurs. 12
5 Ne me reprochez pas de vivre solitaire ; 12
Mais dans ce bleu jardin au feuillage léger 12
Où la rose fleurit près de la serpentaire 12
Pour un songe amical j'ai de quoi vendanger. 12
Je fume sagement ma vieille pipe à l'ombre 12
10 D'un arbre blanc et vert, sonore et japonais ; 12
Eh ! pourquoi penserais-je à quelque heure plus sombre, 12
À d'anciens printemps qui sont déjà fanés ? 12
Celui-ci me déchire et cet autre me loue ; 12
Mais qu'importe ? Demain, les grappes mûriront. 12
15 Laissez-moi dans ces jours que le destin m'alloue 12
De funèbres rameaux ne pas ceindre mon front. 12
Dois-je encore pleurer ? Qui faut-il que j'envie ? 12
Cette glycine en fleur s'enroule au cyprès noir ; 12
Amie aux beaux cheveux dont l'amour est ma vie, 12
20 N'ai-je pas les bras nus qui m'enivrent le soir ? 12
Bientôt, les escargots endormis sous les fraises, 12
Un chœur de rossignols charmera mon loisir ; 12
Mais déjà renversée et dans l'ombre tu baises 12
Les roses de juillet en riant de plaisir. 12
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