Métrique en Ligne
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Tristan DERÈME
LA VERDURE DORÉE
1922
CXIV
Pour goûter au charme unique 7
Qui jaillit de ton baiser, 7
Diogène le Cynique 7
Courrait se faire raser. 7
5 S'ils savaient ton regard, ivres 7
Les sages silencieux 7
Verraient s'ouvrir dans leurs livres 7
Des pivoines et des yeux. 7
Et, mordus de quelles fièvres ! 7
10 Secouant toge ou veston, 7
Et sautant comme des lièvres, 7
Ils crieraient : Où la voit-on ? 7
Dans leurs veines : escarboucles 7
Liquides et plomb fondu, 7
15 Tu les verrais pour tes boucles 7
Poussant un cri éperdu, 7
Tous, contemporains d'Ulysse 7
Et disciples de Bergson, 7
Se rouler nus, ô délice ! 7
20 Sur des peaux de hérisson 7
Car pour mordre à la grenade 7
Rouge des désirs ouverts, 7
Ils oublieraient la monade. 7
Le noumène et l'Univers. 7
25 Ah ! Vivons ! La page écrite 7
Ne vaut pas les lèvres qu'on 7
Mord ! Vers l'amour ! Démocrite, 7
Spinoza, Hegel, Bacon, 7
MMonsieur. Durkheim, Xénophane, 7
30 Vers l'amour, vous chanteriez, 7
Sans archet ni colophane 7
Violons extasiés ! 7
Ah ! que pèsent hypothèses, 7
Postulats, systèmes, lois ? 7
35 Ne faut-il que tu te taises 7
Ou que tu joignes ta voix 7
Au grand tumulte des choses, 7
À l'amour qui fait ployer 7
Les cigognes et les roses, 7
40 La tulipe et l'épervier ? 7
Viens, et contre moi pressée, 7
Aux brutes fais-moi pareil 7
En écrasant ma pensée 7
Sous la grâce d'un orteil. 7
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