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DAU_1/DAU1
Alphonse DAUDET
LES AMOUREUSES
POEMES ET FANTAISIES
1858
LES AMOUREUSES
AUX PETITS ENFANTS
Enfants d’un jour, ô nouveau-nés, 8
Petites bouches, petits nez, 8
Petites lèvres demi-closes, 8
Membres tremblants, 4
5 Si frais, si blancs, 4
Si roses ; 2
Enfants d’un jour, ô nouveaux-nés, 8
Pour le bonheur que vous donnez, 8
À vous voir dormir dans vos langes, 8
10 Espoir des nids 4
Soyez bénis, 4
Chers anges ! 2
Pour vos grands yeux effarouchés 8
Que sous vos draps blancs vous cachez. 8
15 Pour vos sourires, vos pleurs même, 8
Tout ce qu’en vous, 4
Êtres si doux, 4
On aime ; 2
Pour tout ce que vous gazouillez, 8
20 Soyez bénis, baisés, choyés, 8
Gais rossignols, blanches fauvettes ! 8
Que d’amoureux 4
Et que d’heureux 4
Vous faites ! 2
25 Lorsque sur vos chauds oreillers, 8
En souriant vous sommeillez, 8
Près de vous, tout bas, ô merveille ! 8
Une voix dit : 4
« Dors, beau petit ; 4
30 Je veille. » 2
C’est la voix de l’ange gardien ; 8
Dormez, dormez, ne craignez rien ; 8
Rêvez, sous ses ailes de neige : 8
Le beau jaloux 4
35 Vous berce et vous 4
Protège. 2
Enfants d’un jour, ô nouveau-nés, 8
Au paradis, d’où vous venez, 8
Un léger fil d’or vous rattache. 8
40 À ce fil d’or 4
Tient l’âme encor 4
Sans tache. 2
Vous êtes à toute maison 8
Ce que la fleur est au gazon. 8
45 Ce qu’au ciel est l’étoile blanche, 8
Ce qu’un peu d’eau 4
Est au roseau 4
Qui penche. 2
Mais vous avez de plus encor 8
50 Ce que n’a pas l’étoile d’or, 8
Ce qui manque aux fleurs les plus belles : 8
Malheur à nous ! 4
Vous avez tous 4
Des ailes. 2
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