Métrique en Ligne
CRO_2/CRO165
Charles CROS
LE COLLIER DE GRIFFES
1908
TENDRESSE
A ma femme endormie
Tu dors en croyant que mes vers 8
Vont encombrer tout l'univers 8
De désastres et d'incendies ; 8
Elles sont si rares pourtant 8
5 Mes chansons au soleil couchant 8
Et mes lointaines mélodies. 8
Mais si je dérange parfois 8
La sérénité des cieux froids, 8
Si des sons d'acier et de cuivre 8
10 Ou d'or, vibrent dans mes chansons, 8
Pardonne ces hautes façons, 8
C'est que je me hâte de vivre. 8
Et puis tu m'aimeras toujours. 8
Éternelles sont les amours 8
15 Dont ma mémoire est le repaire 8
Nos enfants seront de fiers gas 8
Qui répareront les dégâts, 8
Que dans ta vie a fait leur père. 8
Ils dorment sans rêver à rien, 8
20 Dans le nuage aérien 8
Des cheveux sur leurs fines têtes ; 8
Et toi, près d'eux, tu dors aussi, 8
Ayant oublié le souci 8
De tout travail, de toutes dettes. 8
25 Moi je veille et je fais ces vers 8
Qui laisseront tout l'univers 8
Sans désastre et sans incendie ; 8
Et demain, au soleil montant 8
Tu souriras en écoutant 8
30 Cette tranquille mélodie. 8
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