VISIONS |
Nocturne |
Elle |
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Le rossignol se plaint dans la ramure noire. |
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Je t'ai donné mon corps, et mon âme, et ma gloire. |
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Les arbres élancés sont noirs sur le ciel vert. |
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Vois cette fleur qui meurt dans mon corsage ouvert |
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Le vent est parfumé ce soir comme de l'ambre. |
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Tu sais qu'on a trouvé ton poignard dans ma chambre. |
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Embrasse-moi. La lune a des teintes de sang. |
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Mon père est mort, dit-on, hier en me maudissant. |
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Là-haut le rossignol pleure et se désespère. |
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La cloche qu'on entend, c'est le glas de mon père. |
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Les parfums de ce soir font ployer mes genoux, |
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Je suis lasse. Un instant, ami, reposons-nous. |
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Que je t'aime ! Au château vois-tu cette lumière ? |
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C'est un cierge allumé près du lit de ma mère. |
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Ah ! les étoiles !… On dirait un sable d'or. |
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Ne t'avais-je pas dit que mon père était mort ? |
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Levons-nous. Allons près du lac. Je suis plus forte. |
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Ne t'avais-je pas dit que ma mère était morte ? |
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Entends le bruit de l'eau… C'est comme des chansons, |
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C'est comme nos baisers, quand nous nous embrassons. |
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Je ne veux pas savoir d'où tu nous vins, ni même |
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Savoir quel est ton nom… Que m'importe ? Je t'aime. |
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Le rossignol se tait au bruit de ce beffroi. |
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Ma mère me disait que ton cœur était froid. |
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La lune fait pâlir le cierge à la fenêtre. |
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Mon père me disait que tu n'était qu'un traître. |
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Écoute ce grillon. Vois donc ce vers luisant. |
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Assez de cloche. Assez de cierge — Allons-nous en. |
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J'ai pris des diamants autant qu'on voit d'étoiles, |
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Partons. Sens le bon vent, qui va gonfler nos voiles. |
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Viens. Qu'est-ce qui retient ta parole et tes pas ? |
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Lui |
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Mademoiselle, mais… Je ne vous aime pas. |
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