GENS DE MER |
LE BOSSU BITOR*
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Un pauvre petit diable aussi vaillant qu'un autre, |
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Quatrième et dernier à bord d'un petit côtre … |
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Fier d'être matelot et de manger pour rien, |
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Il remplaçait le coq, le mousse et le chien ; |
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Et comptait, comme ça, quarante ans de service, |
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Sur le rôle toujours inscrit comme — novice ! — |
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… Un vrai bossu : cou tors et retors, très madré, |
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Dans sa coque il gardait sa petite influence ; |
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Car chacun sait qu'en mer un bossu porte chance… |
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— Rien ne f…iche malheur comme femme ou curé ! |
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Son nom : c'était Bitor — nom de mer et de guerre — |
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Il disait que c'était un tremblement de terre |
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Qui, jeune et fait au tour, l'avait tout démoli : |
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Lui, son navire et des cocotiers … au Chili. |
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Le soleil est noyé. — C'est le soir — dans le port |
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Le navire bercé sur ses câbles, s'endort |
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Seul ; et le clapotis bas de l'eau morte et lourde, |
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Chuchote un gros baiser sous sa carène sourde. |
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Parmi les yeux du brai flottant qui luit en plaque, |
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Le ciel miroité semble une immense flaque. |
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Le long des quais déserts où grouillait un chaos |
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S'étend le calme plat… |
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S'étend le calme plat… Quelques vagues échos… |
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Quelque novice seul, resté mélancolique, |
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Se chante son pays avec une musique… |
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De loin en loin, répond le jappement hagard, |
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Intermittent, d'un chien de bord qui fait le quart, |
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Oublié sur le pont… |
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Oublié sur le pont… Tout le monde est à terre. |
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Les matelots farauds s'en sont allés — mystère ! — |
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Faire, à grands coups de gueule et de botte … l'amour. |
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— Doux repos tant sué dans les labeurs du jour. — |
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Entendez-vous là-bas, dans les culs-de-sac louches, |
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Roucouler leur chanson ces tourtereaux farouches !… |
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— Chantez ! La vie est courte et drôlement cordée !… |
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Hâle à toi, si tu peux, une bonne bordée |
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A jouer de la fille, à jouer du couteau… |
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Roucoulez mes Amours ! Qui sait : demain !… tantôt… |
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… Tantôt, tantôt … la ronde en écrémant la ville, |
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Vous soulage en douceur quelque traînard tranquille |
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Pour le coller en vrac, léger échantillon, |
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Bleu saignant et vainqueur, au clou. — Tradition. — |
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Mais les soirs étaient doux aussi pour le Bitor, |
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Il était libre aussi, maître et gardien à bord… |
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Lové tout de son long sur un rond de cordage, |
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Se sentant somnoler comme un chat … comme un sage, |
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Se repassant l'oreille avec ses doigts poilus, |
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Voluptueux, pensif, et n'en pensant pas plus, |
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Laissant mollir son corps dénoué de paresse, |
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Son petit œil vairon noyé de morbidesse !… |
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— Un loustic en passant lui caressait les os : |
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Il riait de son mieux et faisait le gros dos. |
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Tout le monde a pourtant quelque bosse en la tête… |
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Bitor aussi — c'était de se payer la fête ! |
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Et cela lui prenait, comme un commandement |
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De Dieu : vers la Noël, et juste une fois l'an. |
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Ce jour-là, sur la brune, il s'ensauvait à terre |
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Comme un rat dont on a cacheté le derrière… |
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— Tiens : Bitor disparu. — C'est son jour de sabbats |
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Il en a pour deux nuits : réglé comme un compas. |
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— C'est un sorcier pour sûr… — |
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— C'est un sorcier pour sûr… — Aucun n'aurait pu dire, |
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Même on n'en riait plus ; c'était fini de rire. |
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Au deuxième matin, le bordailleur rentrait |
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Sur ses jambes en pieds-de-banc-de-cabaret, |
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Louvoyant bord-sur-bord… |
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Louvoyant bord-sur-bord… Morne, vers la cuisine |
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Il piquait droit, chantant ses vêpres ou mâtine, |
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Et jetait en pleurant ses savates au feu… |
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— Pourquoi — nul ne savait, et lui s'en doutait peu. |
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… J'y sens je ne sais quoi d'assez mélancolique, |
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Comme un vague fumet d'holocauste à l'antique… |
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C'était la fin ; plus morne et plus tordu, le hère |
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Se reprenait hâler son bitor de misère… |
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— C'est un soir, près Noël. — Le côtre est à bon port, |
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L'équipage au diable, et Bitor … toujours Bitor. |
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C'est le grand jour qu'il s'est donné pour prendre terre : |
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Il fait noir, il est gris. — L'or n'est qu'une chimère ! |
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Il tient, dans un vieux bas de laine, un sac de sous… |
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Son pantalon à mettre et : — La terre est à nous !- |
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… Un pantalon jadis cuisse-de-nymphe-émue, |
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Couleur tendre à mourir !… et trop tôt devenue |
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Merdoie … excepté dans les plis rose-d'amour, |
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Gardiens de la couleur, gardiens du pur contour… |
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Enfin il s'est lavé, gratté — rude toilette ! |
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— Ah ! c'est que ce n'est pas, non plus, tous les jours fête !… |
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Un cache-nez lilas lui cache les genoux, |
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— Encore un coup-de-suif ! et : La terre est à nous ! |
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… La terre : un bouchon, quoi !… — Mais Bitor se sent riche : |
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D'argent, comme un bourgeois : d'amour, comme un caniche… |
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— Pourquoi pas le Cap-Horn !… Le sérail — Pourquoi pas !… |
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— Syrènes du Cap-Horn, vous lui tendez les bras !… |
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Au fond de la venelle est la lanterne rouge, |
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Phare du matelot, Stella maris du bouge… |
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— Qui va là ? — Ce n'est plus Bitor ! c'est un héros, |
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Un Lauzun qui se frotte aux plus gros numéros !… |
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C'est Triboulet tordu comme un ver par sa haine !… |
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Ou c'est Alain Chartier, sous un baiser de reine !… |
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Lagardère en manteau qui va se redresser !… |
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— Non : C'est un bienheureux honteux — Laissez passer. |
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C'est une chair enfin que ce bout de rognure ! |
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Un partageux qui veut son morceau de nature. |
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C'est une passion qui regarde en dessous |
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L'amour … pour le voler !… — L'amour à trente sous ! |
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— Va donc Paillasse ! Et le trousse-galant t'emporte ! |
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Tiens : c'est là !… C'est un mur — Heurte encor !… C'est la porte : |
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As-tu peur ! — |
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As-tu peur ! — Il écoute… Enfin : un bruit de clefs, |
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Le judas darde un rais : — Hô, quoi que vous voulez ? |
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— J'ai de l'argent. — Combien es-tu ? Voyons ta tête… |
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Bon. Gare à n'entrer qu'un ; la maison est honnête ; |
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Fais voir ton sac un peu ?… Tu feras travailler ?… — |
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Et la serrure grince, on vient d'entrebâiller ; |
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Bitor pique une tête entre l'huys et l'hôtesse, |
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Comme un chien dépendu qui se rue à la messe. |
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— Eh, là-bas ! l'enragé, quoi que tu veux ici ? |
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Qu'on te f…iche droit, quoi ? pas dégoûté ! Merci !… |
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Quoi qui te faut, bosco ?… des nymphes, des pucelles |
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Hop ! à qui le Mayeux ? Eh là-bas, les donzelles !… |
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Bitor lui prit le bras : — Tiens, voici pour toi, gouine : |
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Cache-moi quelque part … tiens : là… — C'est la cuisine ! |
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— Bon. Tu m'en conduiras une … et propre ! combien ?… |
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— Tire ton sac. — Voilà. — Parole ! il a du bien !… |
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Pour lors nous en avons du premier brin : cossuses ; |
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Mais on ne t'en a pas fait exprès des bossuses… |
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Bah ! la nuit tous les chats sont gris. Reste là voir, |
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Puisque c'est ton caprice ; as pas peur, c'est tout noir. — |
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Une porte s'ouvrit. C'est la salle allumée. |
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Silhouettes grouillant à travers la fumée : |
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Les amateurs beuglant, ronflant, trinquant, rendus ; |
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— Des Anglais, jouissant comme de vrais pendus, |
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Se cuvent, pleins de tout et de béatitude ; |
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— Des Yankees longs, et roide-soûls par habitude, |
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Assis en deux, et, tour-à-tour tirant au mur |
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Leur jet de jus de chique, au but, et toujours sûr ; |
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— Des Hollandais salés, lardés de couperose ; |
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— De blonds Norwégiens hercules de chlorose ; |
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— Des Espagnols avec leurs figures en os ; |
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— Des baleiniers huileux comme des cachalots ; |
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— D'honnêtes caboteurs bien carrés d'envergures, |
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Calfatés de goudron sur toutes les coutures ; |
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— Des Nègres blancs, avec des mulâtres lippus ; |
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Des Chinois, le chignon roulé sous un gibus, |
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Vêtus d'un frac flambant-neuf et d'un parapluie ; |
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— Des chauffeurs venus là pour essuyer leur suie ; |
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— Des Allemands chantant l'amour en orphéon, |
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Leur patrie et leur chope … avec accordéon ; |
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— Un noble Italien, jouant avec un mousse |
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Qui roule deux gros yeux sous sa tignasse rousse ; |
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— Des Grecs plats ; des Bretons à tête biscornue ; |
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— L'escouade d'un vaisseau russe, en grande tenue ; |
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— Des Gascons adorés pour leur galant bagout… |
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Et quelques renégats — écume du ragoût. — |
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Là, plus loin dans le fond sur les banquettes grasses, |
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Des novices légers s'affalent sur les Grâces |
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De corvée… Elles sont d'un gras encourageant ; |
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ça se paye au tonnage, on en veut pour l'argent… |
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Et, quand on largue tout, il faut que la viande |
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Tombe, comme un hunier qui se déferle en bande !
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— On a des petits noms : Chiourme, Jany-Gratis,
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Bout-dehors, Fond-de-Vase, Anspeck, Garcette à-ris. |
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— C'est gréé comme il faut : satin rose et dentelle ; |
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Ils ne trouvent jamais la mariée assez belle… |
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— Du velours pour frotter à cru leur cuir tanné ! |
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Et du fard, pour torcher leur baiser boucané !… |
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A leurs ceintures d'or, faut ceinture dorée ! |
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Allons ! — Ciel moutonné, comme femme fardée
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N'a pas longue durée à ces Pachas d'un jour… |
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— N'en faut du vin ! n'en faut du rouge !… et de l'amour !
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Bitor regardait ça — comment on fait la joie — |
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Chauve-souris fixant les albatros en proie… |
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Son rêve fut secoué par une grosse voix : |
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— Eh, dis donc, l'oiseau bleu, c'est-y fini ton choix ? |
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— Oui : (Ses yeux verts vrillaient la nuit de la cuisine) |
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… La grosse dame en rose avec sa crinoline !… |
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— ça : c'est Mary-Saloppe, elle a son plein et dort. — |
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Lui, dégainant le bas qui tenait son trésor : |
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— Je te dis que je veux la belle dame rose !… |
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— ça t'y du vice !… Ah-ça : t'es porté sur la chose ?… |
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Pour avec elle, alors, tu feras dix cocus, |
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Dix tout frais de ce soir !… Vas-y pour tes écus |
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Et paye en double : On va t'amateloter. Monte… |
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— Non ici… — Dans le noir ?… allons faut pas de honte ! |
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— Je veux ici ! — Pas mèche, avec les règlements. |
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— Et moi je veux ! — C'est bon … mais t'endors pas dedans… |
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Ohé là-bas ! debout au quart, Mary-Saloppe !
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— Eh, c'est pas moi de quart ! — C'est pour prendre une chope, |
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C'est rien la corvée … accoste : il y a gras ! |
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— De quoi donc ? — Va, c'est un qu'a de l'or plein ses bas, |
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Un bossu dans un sac, qui veut pas qu'on l'évente… |
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— Bon : qu'y prenne son soûl, j'ai le mien ! j'ai ma pente. |
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— Va, c'est dans la cuisine… |
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— Va, c'est dans la cuisine… — Eh ! voyons-toi, Bichon… |
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T'es tortu, mais j'ai pas peur d'un tire-bouchon ! |
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Viens… Si ça t'est égal : éclairons la chandelle ? |
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— Non. — Je voudrais te voir, j'aime Polichinelle… |
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Ah je te tiens ; on sait jouer Colin-Maillard !… — |
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La matrulle ferma la porte… |
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La matrulle ferma la porte… — Ah tortillard !… |
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Charivari ! — Pour qui ? — Quelle ronde infernale, |
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Quel paquet crevé roule en hurlant dans la salle ?… |
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— Ah, peau de cervelas ! ah, tu veux du chahut ! |
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A poil ! à poil ! on va te caréner tout cru ! |
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Ah, tu grognes, cochon ! Attends, tu veux la goutte : |
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Tiens son ballon !… Allons, avale-moi ça … toute ! |
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Gare au grappin, il croche ! Ah ! le cancre qui mord ! |
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C'est le diable bouilli !… — |
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200 |
C'est le diable bouilli !… — C'était l'heureux Bitor. |
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— Carognes, criait-il, mollissez !… je régale… |
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— Carognes ?… Ah, roussin ! mauvais comme la gale ! |
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Tu régales, Limonadier de la Passion ? |
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On te régalera, va ! double ration ! |
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205 |
Pou crochard qui montais nous piquer nos punaises !
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Cancre qui viens manger nos peaux !… Pas de foutaises, |
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Vous autres : Toi, la mère, apporte de là haut, |
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Un grand tapis de lit, en double et comme-y-faut !… |
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Voilà ! — |
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Voilà ! — Dix bras tendus hâlent la couverture |
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210 |
— Le tortillou dessus !… On va la danser dure ; |
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Saute, Paillasse ! hop là !… — |
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|
Saute, Paillasse ! hop là !… — C'est que le matelot, |
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Bon enfant, est très dur quand il est rigolot. |
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Sa colère : c'est bon. — Sa joie : ah, pas de grâce !… |
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|
Ces dames rigolaient… |
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|
Ces dames rigolaient… — Attrape : pile ou face ? |
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215 |
Ah, le malin ! quel vice ! il échoue en côté ! — |
12 |
|
…Sur sa bosse grêlaient, avec quelle gaîté ! |
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Des bouts de corde en l'air sifflant comme couleuvres ; |
12 |
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Les sifflets de gabier, rossignols de manœuvres, |
12 |
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Commandaient et rossignolaient à l'unisson… |
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— Tiens bon !… — |
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220 |
— Tiens bon !… — Pelotonné, le pauvre hérisson |
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Volait, rebondissait, roulait. Enfin la plainte |
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Qu'il rendait comme un cri de poulie est éteinte… |
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— Tiens bon ! il fait exprès… Il est dur, l'entêté !… |
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C'est un lapin ! ça veut le jus plus pimenté : |
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Attends !… — |
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225 |
Attends !… — Quelques couteaux pleuvent … Mary-Saloppe
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D'un beau mouvement, hèle : — A moi sa place ! — Tope ! |
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Amène tout en vrac ! largue !… — |
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Amène tout en vrac ! largue !… — Le jouet mort |
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S'aplatit sur la planche et rebondit encor… |
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Comme après un doux rêve, il rouvrit son œil louche |
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230 |
Et trouble… Il essuya dans le coin de sa bouche, |
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Un peu d'écume avec sa chique en sang… — C'est bien ; |
12 |
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C'est fini, matelot… Un coup de sacré-chien !
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12 |
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ça vous remet le cœur ; bois !… — |
|
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ça vous remet le cœur ; bois !… — Il prit avec peine |
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Tout l'argent qui restait dans son bon bas de laine |
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235 |
Et regardant Mary-Saloppe : — C'est pour toi, |
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Pourboire … en souvenir.-Vrai : baise-moi donc, quoi !… |
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Vous autres, laissez-le, grands lâches ! mateluches ! |
12 |
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C'est mon amant de cœur … on a ses coqueluches ! |
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… Toi : file à l'embellie, en double, l'asticot : |
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240 |
L'échouage est mauvais, mon pauvre saligot !… — |
12 |
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Son œil marécageux, larme de crocodile, |
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La regardait encore… — Allons, mon garçon, file ! — |
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
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C'est tout. Le lendemain, et jours suivants, à bord |
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Il manquait. — Le navire est parti sans Bitor. — |
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
245 |
Plus tard, l'eau soulevait une masse vaseuse |
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Dans le dock. On trouva des plaques de vareuse… |
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Un cadavre bossu, ballonné, démasqué |
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Par les crabes. Et ça fut jeté sur le quai, |
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Tout comme l'autre soir, sur une couverture. |
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250 |
Restant de crabe, encore il servit de pâture |
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Au rire du public ; et les gamins d'enfants |
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Jouant au bord de l'eau noire sous le beau temps, |
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Sur sa bosse tapaient comme sur un tambour |
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Crevé… |
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Crevé… — Le pauvre corps avait connu l'amour ! |
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Marseille. — La Joliette — Mai.
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