Métrique en Ligne
COP_8/COP203
François COPPÉE
POÈMES DIVERS
1869
LA MORT DU SINGE
A Ernest D'Hervilly.
Frissonnant jusque dans la moelle, 8
Pelé, funèbre et moribond, 8
Le vieux singe, près de son poêle, 8
Tousse en râlant et se morfond. 8
5 Composant, malgré sa détresse, 8
La douleur qui le fait mourir, 8
Il geint : mais sa plainte s'adresse 8
Au public qu'il veut attendrir. 8
Comme une phthisique de drame 8
10 Pâmée en ses neigeux peignoirs, 8
Il joint, avec des airs de femme. 8
Ses petits doigts ridés et noirs ; 8
Et des pleurs, traçant sur sa face 8
Deux sillons parmi les poils roux, 8
15 Font plus navrante sa grimace 8
Faite de rire et de courroux. 8
Vieil histrion, loin de tes planches, 8
Ainsi tu n'as pas regretté 8
Les bonds effarés dans les branches, 8
20 L'Inde immense, la liberté ! 8
Ce que tu pleures, c'est la scène 8
Et ce palais de fil de fer 8
Dans lequel, parodiste obscène, 8
Grattant ton poil, montrant ta chair, 8
25 Railleur, tu faisais voir aux hommes 8
Ce qu'ils ont de vil et de laid, 8
Pour manger les trognons de pommes 8
Dont leur colère t'accablait ! 8
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