Métrique en Ligne
COP_7/COP192
François COPPÉE
LE RELIQUAIRE
1866
ET NUNC ET SEMPER
Sous l'éclat blanc du jour, sous la fraîcheur des cèdres, 12
Sous la nuit où poudroie un peuple de soleils, 12
Longtemps j'ai promené mes souvenirs, pareils 12
Aux tragiques douleurs des Saphos et des Phèdres ; 12
5 Mais l'azur clair, les bois profonds, les blondes nuits 12
En moi n'ont point versé leurs influences calmes ; 12
Sous les astres, sous les rayons et sous les palmes, 12
Sans espoir je promène encore mes ennuis. 12
Que la forêt frémisse ainsi qu'un chœur de harpes, 12
10 Ou que le soir s'embaume aux calices ouverts, 12
Le son ou le parfum des maux jadis soufferts 12
Descend sur ma pensée en funèbres écharpes. 12
Âmes tristes des fleurs, chastes frissons des bois, 12
Me haïssez-vous donc, puisqu'il faut que je sente 12
15 Dans vos aromes chers les baisers de l'absente 12
Et que j'entende en vos échos vibrer sa voix ? 12
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