Métrique en Ligne
COP_6/COP177
François COPPÉE
DES VERS FRANÇAIS
1906
1802-1902
En cette minute dernière 8
De l'an maudit mil neuf cent deux, 8
Remontons d'un siècle en arrière 8
Pour voir un contraste hideux. 8
5 Ainsi qu'un astre, la cocarde 8
Au chapeau du Consul flambait. 8
— Quelle honte, quand on regarde 8
L'accordéon du vieux Loubet ! 8
Absous, sans renier ses maîtres, 8
10 L'émigré revenait au nid. 8
— On ne fait plus grâce qu'aux traîtres. 8
Déroulède est toujours proscrit. 8
Le traité d'Amiens, quel beau songe ! 8
La paix dans la gloire, à jamais ! 8
15 — Jaurès veut qu'on passe l'éponge 8
Sur votre espoir, Strasbourg et Metz ! 8
La foule priait, accourue 8
Autour de l'Autel relevé. 8
— On jette les sœurs dans la rue 8
20 Et les pauvres sur le pavé. 8
Sur le drapeau qu'un souffle gonfle, 8
Le peuple lisait : « Marengo ». 8
— Aujourd'hui, quand le tambour ronfle, 8
« Fachoda ! » murmure l'écho. 8
25 Qu'il sonnait bien, le sabre courbe 8
Des chefs d'Arcole et d'Aboukir ! 8
— L'or qu'empile un Juif sale et fourbe, 8
A présent, fait seul tressaillir. 8
Les pillages du Directoire 8
30 Cessaient, sur des ordres formels. 8
— On sera doux, veuillez le croire, 8
Pour les escrocs officiels. 8
Quoi ? C'est vrai, tant d'ignominie ! 8
C'est dans ce bourbier que roula 8
35 La pauvre France à l'agonie ! 8
Après cent ans, elle en est là ! 8
Mais une espérance obstinée 8
Tourne nos yeux vers l'avenir. 8
N'est-ce pas, ô nouvelle année, 8
40 Que ce cauchemar va finir, 8
Et que, bientôt, comme en brumaire, 8
Quelques soldats, sortis des rangs, 8
Vont — justice froide et sommaire — 8
Crosser les reins de nos tyrans ? 8
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