Feuillets retrouvés |
datant Des « Humbles » |
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Ma mère assez souvent parle, avec complaisance, |
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Des amis qu'elle avait, du temps de son aisance, |
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Et se souvient, non pas sans un secret dépit, |
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Que, le jeudi, chez elle, on dînait en habit. |
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Cette réunion, qui fut bien éphémère, |
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Je l'ai vue autrefois, à table, chez ma mère, |
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Quand, dans mes rares jours de congé, j'y venais. |
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Quels convives ! C'était le proscrit polonais, |
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Remarquable par son caban couvert d'olives, |
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Ses moustaches en crocs et sa soif des plus vives ; |
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La baronne en bonnet monté, dont le mari |
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Fut jadis chambellan chez le duc de Berry, |
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Et qui narre ses vieux malheurs, et, par principe, |
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S'évanouit au nom du roi Louis-Philippe ; |
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Et l'ancien professeur, homme aimable et disert, |
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Récitant volontiers des fables au dessert. |
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Enfin ma mère était en proie aux parasites. |
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Ils ont, bien entendu, tous cessé leurs visites. |
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Général polonais, veuve de chambellan, |
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N'enverront même pas leur carte au jour de l'an, |
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Et ce beau monde ; exact à l'heure du potage, |
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Ne gravira jamais notre cinquième étage. |
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Tous furent des ingrats, tous, un seul excepté, |
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Un vieux parent, alors reçu par charité, |
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Qui seul aimait ma mère et seul se souvient d'elle. |
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Courtisan du malheur, brave homme, ami fidèle, |
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Pauvre cousin Mercier, va, j'ai honte souvent |
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Et je me repens bien d'avoir, étant enfant, |
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Pleuré, jeté des cris de peur et fait la moue, |
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Quand maladroitement tu me baisais la joue. |
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Que mon caprice était cruel et se trompait ! |
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J'ai ri de ton grand nez et de ton faux toupet, |
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Et de ton vieux talent suranné de flûtiste ! |
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Mais quand je te revois, honnête et pauvre artiste, |
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Point changé ni mieux mis qu'autrefois, ni plus beau, |
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Et tournant dans tes doigts timides ton chapeau, |
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Va, je lis dans tes yeux ton amitié touchante ; |
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Et l'enfant qui pour toi fut injuste et méchante |
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Et fuyait ton baiser avec un air moqueur |
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T'embrasse maintenant, cousin, de tout son cœur ! |
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Je connais à présent sa vie, et c'en est une |
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Des plus tristes. N'ayant pas la moindre fortune, |
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Il ne put obtenir la femme qu'il aimait. |
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Depuis, étant de ceux dont le cœur se soumet, |
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Pieusement, chez lui, comme en une chapelle, |
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Il a toujours gardé tout ce qui lui rappelle |
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Ses vingt ans, son unique amour, ses anciens vœux. |
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— Je ne sourirai plus de sa bague en cheveux. — |
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Le cousin est toujours resté célibataire ; |
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Il occupe un emploi modeste au ministère, |
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Et puis, son traitement étant trop exigu, |
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Le soir, il prend sa flûte et joue à l'Ambigu, |
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Et, par lui, nous allons voir tous les mélodrames. |
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Donc, ce très pauvre ami de deux très pauvres femmes, |
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Le dimanche, est venu les voir, tout cet été. |
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Il est à la maison de grande utilité. |
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Pour mes volubilis il me construit des treilles |
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Sur le balcon ; il met notre vin en bouteilles, |
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Pose des clous, restaure un meuble endommagé ; |
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Car, bien qu'il ait l'air faible et bien qu'il soit âgé, |
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Le bonhomme est encor plein de vigueur physique. |
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Au moment opportun, je lui parle musique |
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Et d'en faire avec lui j'exprime le désir. |
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Je vois qu'il en rougit d'avance de plaisir, |
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Mais il se fait prier tout d'abord, il résiste. |
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En l'embrassant, je fais céder le vieil artiste |
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Et je joue, assez mal, avec le vieux cousin, |
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Un duo de Tüloup pour flûte et clavecin ; |
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Et parfois, à la fin, je le surprends qui pleure. |
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Comme pour son théâtre il part de très bonne heure, |
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Ces jours-là nous mangeons la soupe un peu plus tôt ; |
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Il serre enfin sa flûte, il met son paletot, |
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M'embrasse en enfilant à grand'peine la manche, |
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Et le voilà parti jusqu'à l'autre dimanche. |
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Je m'en suis bien doutée au début de juillet. |
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— Ma mère qui, depuis quelques jours, essayait |
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D'avoir l'air devant moi si joyeuse et si ferme, |
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N'avait pas tout à fait de quoi payer le terme ; |
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Et voilà qu'elle a mis, pour qu'il fût acquitté, |
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Les six couverts d'argent au Mont-de-Piété. |
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Elle a pris ce parti sans crainte ni scrupule ; |
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Car madame Prosper, célèbre somnambule, |
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Qui dans les Cours du Nord a promené son art, |
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Mais qui loge à présent au quartier Mouffetard, |
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Venait de lui prédire un immense héritage. |
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Ce bel espoir, maman veut que je le partage ; |
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Mais, moi, qui représente, hélas ! à la maison, |
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La froide prévoyance et la triste raison, |
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Écoutant les conseils de ma muse pédestre, |
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J'ai songé que, toujours, le concierge, au trimestre, |
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Monterait sa quittance et que, pour la payer, |
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Je n'avais qu'une chose à faire, travailler. |
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Travailler ? Et comment ? J'étais pleine de zèle, |
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Mais je sors du couvent, comme une demoiselle, |
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Et l'on ne m'enseigna, dans cet honnête lieu, |
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Rien d'utile, sinon pourtant à prier Dieu. |
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Que sais-je ? A peine suis-je un peu musicienne ? |
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Mais que d'histoire sainte et que d'histoire ancienne ! |
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Que de noms sus par cœur ! Que d'atlas dessinés ! |
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Et que de pages d'yeux, d'oreilles et de nez ! |
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Avoir appris que l'Ain se jette dans le Rhône, |
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La date où Sésostris est monté sur le trône |
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Et qu'à Charles Martel a succédé Pépin, |
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Ne vaut pas un métier où l'on gagne son pain. |
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Par ce souci cruel quand j'étais obsédée, |
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Oh ! comme j'ai maudit tous ces rois de Judée, |
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Que je pourrais nommer, sans en omettre aucun ! |
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J'ai voulu confier mon projet à quelqu'un, |
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Et tout d'abord je l'ai soumis à la critique |
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Du vieux cousin, qui n'est pourtant guère pratique. |
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Le long de son grand nez une larme coula, |
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Quand de ma bouche il sut que nous en étions là. |
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Mais le brave homme ayant, un jour, par aventure, |
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Constaté que j'avais une bonne écriture, |
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En conçut un espoir, avec quelle chaleur ! |
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Courut à son théâtre, enjôla le souffleur, |
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Qui, là, selon l'usage, entreprend la copie ; |
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Et voici comme, après une épreuve subie, |
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Qui, pour les gens de l'art, prouve, à ce qu'il paraît, |
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Que la calligraphie est pour moi sans secret, |
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Installée à ma table, ainsi qu'une écolière, |
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Devant quelques feuillets de beau papier Tellière, |
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Avec plumes, grattoir, sandaraque et canif, |
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Le front penché, la main calme, l'œil attentif, |
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J'écris en ronde, ayant à gauche la lumière, |
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Ces rôles de comique ou de jeune première |
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Que le cousin apporte et remporte en rouleaux |
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Et qu'il doit souligner, un jour, de trémolos. |
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Cette prose, outrageant quelquefois la grammaire, |
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Me fait gagner trois francs par jour. Ma bonne mère, |
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Qui s'indignait d'abord de me voir travailler, |
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Croit que je veux ce gain pour me mieux habiller, |
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Mais je l'épargnerai pour les jours de détresse. |
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Pauvre femme ! Déjà mon métier l'intéresse. |
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Souvent elle s'approche et, pendant que j'écris, |
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Elle lit les feuillets épars des manuscrits ; |
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Car toute fiction la séduit et l'attire. |
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Et moi, songeant que j'ai, dans une tirelire, |
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Un beau louis tout neuf, déjà mis de côté, |
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eue de moi ce souffleur se déclare enchanté, |
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Que ma mère va bien et que j'ai de l'ouvrage, |
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J'ai le cœur inondé de joie et de courage ! |
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