Métrique en Ligne
COP_5/COP157
François COPPÉE
Sonnets intimes et Poèmes inédits
1925
DEUXIÈME PARTIE
A MES JEUNES CAMARADES
AUX ÉQUIPIERS DU CLUB NAUTIQUE DE CHATOU
Jadis, le Seine était verte et pure à Saint-Ouen, 12
Et, dans cette banlieue aujourd’hui sale et rêche, 12
J’ai canoté, j’ai même essayé de la pêche. 12
Le lieu semblait alors champêtre. Que c’est loin ! 12
5 On dînait là. Le beurre, au cabaret du coin, 12
Était rance, et le vin fait de bois de campêche. 12
Mais les charmants retours, sur l’eau, dans la nuit fraîche, 12
Quand, sur les prés fauchés, flottait l’odeur du foin ! 12
Oh ! quels vieux souvenirs et comme le temps marche ! 12
10 Pourtant je vois encor le couchant, sous une arche, 12
Refléter ses rubis dans les flots miroitants. 12
Amis, embarquez-moi sur vos bateaux à voiles, 12
Par un beau soir, à l’heure où naissent les étoiles, 12
Afin que je revive un peu de mes vingt ans. 12
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