Métrique en Ligne
COP_5/COP142
François COPPÉE
Sonnets intimes et Poèmes inédits
1925
DEUXIÈME PARTIE
A ÉMILE MARIOTTE
SUR SON VOLUME DE POÉSIES : LES DÉCHIREMENTS
Les hommes, qui sont tous plus ou moins malheureux, 12
N’ont pour les pleurs rythmés qu’une pitié distraite. 12
Ta plainte est éloquente et la leur est muette. 12
Leur orgueil n’aime pas qu’on gémisse pour eux. 12
5 Oui, plus d’un doutera de tes tourments affreux, 12
Devant ton noir chagrin détournera la tête, 12
Dira : « Larmes d’enfant ! Désespoir de poète ! » 12
Et laissera tomber ton livre douloureux. 12
Du moins, ô pauvre ami foudroyé dans l’orage, 12
10 Qui souffres et combats avec tant de courage, 12
Je veux, comme un témoin, paraître à ton côté 12
Et dire à tous, devant ton œuvre triste et pure, 12
En me portant garant de ta sincérité : 12
« Vous entendez le cri, moi j’ai vu la blessure ! » 12
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