Métrique en Ligne
COP_5/COP141
François COPPÉE
Sonnets intimes et Poèmes inédits
1925
DEUXIÈME PARTIE
JE L’AI LU, CE FUTUR VOLUME…
Je l’ai lu, ce futur volume, 8
Et parfois même il m’a semblé 8
Distinguer les mots où la plume 8
Avec le cœur avait tremblé. 8
5 Attristé jusqu’au fond de l’âme, 8
J’ai songé, tout en l’achevant, 8
Combien sont doux les yeux de femme 8
Qui pleurèrent en l’écrivant, 8
Combien divine la nature 8
10 Qui dut supporter tous ces maux, 8
Et combien pénétrante et pure 8
La voix qui rythma ces sanglots ! 8
Celle qui fit ce reliquaire 8
A des rêves, hélas ! défunts, 8
15 Dans son pauvre cœur n’a plus guère 8
Qu’une douleur et des parfums. 8
Et cette poésie exquise 8
Pleine d’un accent tendre et fier, 8
On sent qu’elle ne l’a conquise 8
20 Que par son désespoir d’hier. 8
Comment, à présent, changerai-je 8
Un mot, un seul, à votre chant ! 8
On ne marche pas sur la neige. 8
Je gâterais, en retouchant. 8
25 Mais nous pourrons relire ensemble 8
Ces beaux vers qui me sont sacrés. 8
Je dirai tout bas : « Il me semble- 8
Peut-être — » et vous corrigerez. 8
Car aucune main étrangère, 8
30 Poète aux chères visions, 8
Ne saurait être assez légère 8
Pour toucher à vos papillons. 8
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