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COP_5/COP135
François COPPÉE
Sonnets intimes et Poèmes inédits
1925
DEUXIÈME PARTIE
A MADAME LA BARONNE DE POILLY
J’ai fait, cette nuit-ci, baronne, 8
Un rêve étrange, mais exquis ; 8
Les ducs, les comtes, les marquis 8
Dont l’hommage vous environne, 8
5 Ayant tous le cœur très fâché 8
Que votre bienveillant sourire 8
Accueillît un porteur de lyre, 8
Sur ma personne avaient lâché 8
Toutes les bêtes fantastiques 8
10 Qui décorent leurs écussons, 8
Toute la faune des blasons, 8
Tous les animaux héraldiques. 8
Je voyais les lions hissants, 8
Tirant leurs langues écarlates, 8
15 Les dragons, dressés sur leurs pattes, 8
Venir contre moi, rugissants ; 8
Les aigles, roulant leurs yeux mornes, 8
Agiter leur foudre fatal, 8
Et sur moi, baissant le frontal, 8
20 Charger le troupeau des licornes. 8
Lourdes d’un venin de serpent 8
Et crachant la flamme et les cendres, 8
Les guivres et les salamandres 8
Les suivaient de près en rampant. 8
25 Œil qui flambe et gueule qui crie, 8
Ils se groupaient pour les assauts. 8
J’allais être mis en morceaux 8
Par l’horrible ménagerie ; 8
Mais, devant leur troupeau guerrier, 8
30 Vous preniez ma main, douce fée, 8
Et je les chassais comme Orphée, 8
Avec un rameau de laurier. 8
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