Métrique en Ligne
COP_5/COP124
François COPPÉE
Sonnets intimes et Poèmes inédits
1925
DEUXIÈME PARTIE
EN HIVER
(D’APRÈS LE TABLEAU DE PIERRE BILLET)
SUR la route en linceul changée 8
Par deux longs mois de vent du nord, 8
La petite passe, chargée 8
De son lourd fagot de bois mort. 8
5 Comme l’horizon s’illumine 8
Des lueurs d’un couchant d’hiver, 8
Sa silhouette se dessine, 8
Svelte et brune, sur le ciel clair. 8
Et moi, j’imagine ta vie, 8
10 Enfant qui vas seule le soir, 8
Portant ton fagot et suivie 8
D’un vieux et paisible chien noir. 8
Pauvre, orpheline et sans famille, 8
Et sauvage avec les garçons, 8
15 Tu files l’hiver, humble fille, 8
Et tu vas glaner aux moissons. 8
Triste ramasseuse de branches 8
Qui cours si tard sans t’alarmer, 8
Tu n’as qu’un bonnet des dimanches, 8
20 Tu n’as qu’un vieux chien pour t’aimer. 8
Et cherchant, toujours solitaire, 8
Blé pour ton pain, bois pour ton feu, 8
Tu vis de ce qu’on trouve à terre 8
Comme les oiseaux du bon Dieu. 8
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