Métrique en Ligne
COP_5/COP106
François COPPÉE
Sonnets intimes et Poèmes inédits
1925
PREMIÈRE PARTIE
PREMIÈRES LARMES
Pâle sous la céruse et les cheveux trop noirs, 12
L’illustre premier-rôle encor jeune aux chandelles, 12
L’homme à femmes, malgré son âge adoré d’elles, 12
Obtient, comme au beau temps, des effets de mouchoirs. 12
5 Et, depuis des milliers et des milliers de soirs, 12
Froid comme un glaive et sûr de tant de cœurs fidèles, 12
Il prodigue, Antony de centaines d’Adèles, 12
Ses sanglots simulés et ses faux désespoirs. 12
Pourtant la sciatique est à la fin venue. 12
10 Horreur ! Elle le cloue aux pieds de l’ingénue 12
Qui, pour qu’il se relève, aide le vieux barbon. 12
Alors l’acteur, gâté par quarante ans d’éloge, 12
Court se cacher et fondre en larmes dans sa loge. 12
— C’est la première fois qu’il pleure pour de bon. 12
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