Métrique en Ligne
COP_3/COP74
François COPPÉE
LE CAHIER ROUGE
1874
A un sous-lieutenant
Vous portez, mon bel officier, 8
Avec une grâce parfaite 8
Votre sabre à garde d'acier ; 8
Mais je songe à notre défaite. 8
5 Cette pelisse de drap fin 8
Dessine à ravir votre taille ; 8
Vous êtes charmant ; mais enfin 8
Nous avons perdu la bataille. 8
On lit votre intrépidité 8
10 Dans vos yeux noirs aux sourcils minces. 8
Aucun mal d'être bien ganté ! 8
Mais on nous a pris deux provinces. 8
A votre âge on est toujours fier 8
D'un peu de passementerie ; 8
15 Mais, voyez-vous, c'était hier 8
Qu'on mutilait notre patrie. 8
Mon lieutenant, je ne sais pas 8
Si, le soir, un doigt sur la tempe, 8
Tenant le livre ou le compas, 8
20 Vous veillez tard près de la lampe. 8
Vos soldats sont-ils vos enfants ? 8
Êtes-vous leur chef et leur père ? 8
Je veux le croire et me défends 8
D'un doute qui me désespère. 8
25 Tout galonné, sur le chemin, 8
Pensez-vous à la délivrance ? 8
— Jeune homme, donne-moi la main. 8
Crions un peu : « Vive la France ! » 8
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