Métrique en Ligne
COP_3/COP62
François COPPÉE
LE CAHIER ROUGE
1874
Lendemain
Puisque, à peine désenlacée 8
De l'étreinte de mes deux bras, 8
Tu demandes à ma pensée 8
Ces vers qu'un jour tu brûleras, 8
5 Il faut, ce soir, que je surmonte 8
L'état d'adorable langueur 8
Où je rougis un peu de honte, 8
Tout en souriant de bonheur. 8
Pourtant je l'aime, ma fatigue. 8
10 C'est ton œuvre, et le long baiser 8
De ta bouche ardente et prodigue 8
A pu seule ainsi m'épuiser ; 8
Et tu veux que je la secoue, 8
Petite coquette ! tu veux 8
15 Voir rimer les lys de ta joue 8
Avec la nuit de tes cheveux. 8
Tu veux que, dissipant le voile 8
Qui trouble mon cerveau si las, 8
Je dise tes regards d'étoile 8
20 Et ton haleine de lilas. 8
Mais la preuve, ô capricieuse, 8
Que je ne pense qu'à t'aimer, 8
C'est la fièvre délicieuse 8
Qui m'empêche de l'exprimer. 8
25 Ainsi, respecte ma paresse ; 8
Ton souvenir passe au travers. 8
Demande des baisers, maîtresse ; 8
Ne me demande pas des vers. 8
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