Métrique en Ligne
COP_1/COP18
François COPPÉE
PROMENADES ET INTÉRIEURS
1872
II
Mai
Depuis un mois, chère exilée, 8
Loin de mes yeux tu t’en allas, 8
Et j’ai vu fleurir les lilas 8
Avec ma peine inconsolée. 8
5 Seul, je fuis ce ciel clair et beau 8
Dont l’ardent effluve me trouble, 8
Car l’horreur de l’exil se double 8
De la splendeur du renouveau. 8
En vain j’entends contre les vitres, 8
10 Dans la chambre où je m’enfermai, 8
Les premiers insectes de Mai 8
Heurter leurs maladroits élytres ; 8
En vain le soleil a souri ; 8
Au printemps je ferme ma porte 8
15 Et veux seulement qu’on m’apporte 8
Un rameau de lilas fleuri ; 8
Car l’amour dont mon âme est pleine 8
Retrouve, parmi ses douleurs, 8
Ton regard dans ces chères fleurs 8
20 Et dans leur parfum ton haleine. 8
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