POÉSIES DIVERSES |
A M. DE M *** |
Qui m’avait envoyé une Tasse de porcelaine avec un quatrain, où il me recommandait de ne pas imiter Diogène |
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On boit commodément aux sources du Permesse |
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Dans ce brillant émail, présent de votre main. |
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De feu Pibrac vous prêchez la sagesse, |
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Mais vous tournez beaucoup mieux un quatrain. |
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Votre morale très-humaine |
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Assure à vos conseils plus de succès qu’aux siens. |
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De suivre vos leçons vous donnez les moyens ; |
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Jamais sage avant vous n’avait pris cette peine. |
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Je ne cours point après la pauvreté. |
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D’un cynisme orgueilleux c’est l’absurde manie ; |
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Il suffit de la voir avec tranquillité : |
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La souffrir, c’est vertu ; la chercher, c’est folie. |
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Ce fou de Diogène est trop sage pour moi : |
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J’aime sa fermeté, son mépris pour la vie ; |
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Mais son manteau percé ne m’irait point, je croi : |
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La besace est de trop, je n’ai point ce beau zèle ; |
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On est pauvre, on est sage, on est heureux sans elle ; |
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Sans la besace enfin je prétends au bonheur. |
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Ah ! plaignez-le avec moi d’une plus triste erreur ; |
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Il n’avait point d’amis, ce n’est point là mon maître ; |
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J’aurais fui ce beau sage. Un ami, c’est mon bien ; |
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Mes vœux l’auraient cherché trop vainement peut-être, |
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Et sa lanterne, hélas ! ne m’eût servi de rien. |
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