POÉSIES DIVERSES |
LA VIEILLE DE SEIZE ANS |
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Lise à quinze ans plut et fut peu cruelle ; |
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Mais Lise, hélas ! fut quittée à seize ans. |
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La pauvre enfant alors, n’amusant qu’elle, |
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Crut d’être aimable avoir passé le temps. |
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Son miroir même, à ses yeux pleins de larmes, |
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Ne montrait plus ni beauté, ni fraîcheur ; |
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Toute charmante, elle pleurait ses charmes |
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Et cet air simple exprimait son erreur. |
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J’avais quinze ans, quand tu me trouvais belle ; |
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Un an détruit ma beauté, ton ardeur. |
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Mon cœur, hélas ! t’aime encore, infidèle ! |
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Mais à seize ans peut-on offrir son cœur ? |
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Tu me pressais, quel feu !… quelle tendresse !… |
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Mais j’ai seize ans ; adieu tous tes désirs ! |
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Du doux plaisir je sens encoreencor l'ivresse ; |
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Mais j’ai seize ans ; adieu tous tes plaisirs ! |
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Quoi ! vingt printemps que toi-même as vu naître, |
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A tous les yeux n’ont fait que t’embellir ! |
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Moi, j’ai seize ans, je n’ose plus paraître ; |
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Un an d’amour a donc pu me vieillir ? |
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Hier Damon, qui me poursuit sans cesse, |
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M’offrait un cœur tout prêt à s’enflammer ; |
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Allez, lui dis-je, allez à la jeunesse ; |
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Moi j’ai seize ans, on ne doit plus m’aimer. |
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Mais non, cruel, reviens à ta bergère, |
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Reviens, pardonne à mes seize printemps ; |
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S’il faut quinze ans, perfide, pour te plaire, |
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Viens, dans tes bras j’aurai toujours quinze ans. |
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