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Je te disais : « Cloé, prends mes leçons, prends-moi ; |
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Tu ris : de nos beaux jours il n’est qu’un seul emploi ; |
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Use de ton printemps : chasteté, c’est vieillesse, |
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Pour les femmes surtout. » Cloé ne m’a point cru ; |
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Les roses de son teint, hélas ! ont disparu : |
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Elle connaît l’erreur de sa triste sagesse. |
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Moins belle et plus sensible, au midi de ses ans, |
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Elle ressent l’injure et le bienfait du temps. |
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Elle gagne, elle perd, et compte avec son âge. |
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Plus de fête : elle fuit les vains amusemens ; |
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Il lui faut des plaisirs et non des passe-temps. |
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Le passe-temps l’ennuie, un soupir la soulage ; |
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Pensive, son miroir, moins entouré d’amans, |
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Lui parle du passé, lui dit : « C’est bien dommage ! » |
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Un désir inquiet le lui dit davantage. |
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J’ai vu tomber sur moi ses regards languissans. |
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J’ignore si je plais ; je vois que j’intéresse : |
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Sa longue indifférence est un poids qui l’oppresse. |
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A mes vœux négligés elle accorde un regret, |
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Ses sens aident son cœur à trahir son secret ; |
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Son repentir tardif ressemble à la tendresse. |
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« Ma Cloé, jouissons : près de toi ranimé, |
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Mon cœur, mes souvenirs te rendent ta jeunesse ; |
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Donne-moi ce que j’aime, ou bien ce que j’aimai. » |
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