ÉGLOGUES |
XII |
Deux belles s'étaient baisées… Le poète berger, témoin jaloux
de leurs caresses, chante ainsi : |
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Que les deux beaux oiseaux, les colombes fidèles, |
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Se baisent : pour s'aimer les dieux les firent belles. |
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Sous leur tête mobile, un cou blanc, délicat, |
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Se plie, et de la neige effacerait l'éclat. |
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Leur voix est pure et tendre, et leur âme innocente, |
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Leurs yeux doux et sereins, leur bouche caressante. |
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L'une a dit à sa sœur : « Ma sœur, .... |
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En un tel lieu croissent l'orge et le millet. |
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L'autour et l'oiseleur, ennemis de nos jours, |
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De ce réduit, peut-être, ignorent les détours. |
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L'autre a dit à sa sœur : Ma sœur, une fontaine coule dans
ce bosquet… L'oie ni le canard n'en ont jamais souillé les eaux,
ni leurs cris… Viens… nous y trouverons une boisson pure, et
nous y baignerons notre tête et nos ailes… et mon bec ira polir
ton plumage. Elles vont… Elle se promènent en roucoulant au
bord de l'eau… Elles boivent, se baignent, mangent ; puis, sur
un rameau, leurs becs s'entrelacent ; elles se polissent leur plumage
l'une à l'autre.
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Le voyageur, passant en ces fraîches campagnes, |
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Dit : « Oh ! les beaux oiseaux ! oh ! les belles compagnes ! » |
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Il s'arrêta longtemps à contempler leurs jeux ; |
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Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux, |
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Dit « Baisez, baisez-vous, colombes innocentes ! |
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Vos cœurs sont doux et purs, et vos voix caressantes ; |
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Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat, |
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Se plie, et de la neige effacerait l'éclat. » |
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