Métrique en Ligne
CHE_1/CHE24
André de CHÉNIER
ŒUVRES POÉTIQUES
tome I
1790
ÉLÉGIES ANTIQUES
VIII
Tu gémis, sur l'Ida, mourante, échevelée, 12
O reine, ô de Minos épouse désolée ! 12
Heureuse si jamais, dans ses riches travaux, 12
Cérès n'eût pour le joug élevé des troupeaux ! 12
5 Certe, aux antres d'Amnise, assez votre Lucine 12
Donnait de beaux neveux aux mères de Gortyne ; 12
Certes, vous élevez, aux gymnases crétois, 12
D'autres jeunes troupeaux plus dignes de ton choix. 12
Tu voles épier sous quelle yeuse obscure, 12
10 Tranquille, il ruminait son antique pâture, 12
Quel lit de fleurs reçut ses membres nonchalants, 12
Quelle onde a ranimé l'albâtre de ses flancs. 12
O nymphes, entourez, fermez, nymphes de Crète, 12
De ces vallons, fermez, entourez la retraite, 12
15 Si peut-être vers lui des vestiges épars 12
Ne viendront point guider mes pas et mes regards. 12
Insensée ! à travers ronces, forêts, montagnes, 12
Elle court. O fureur ! dans les vertes campagnes, 12
Une belle génisse à son superbe amant 12
20 Adressait devant elle un doux mugissement. 12
« La perfide mourra. Jupiter la demande. » 12
Elle-même à son front attache la guirlande, 12
L'entraîne, et sur l'autel prenant le fer vengeur : 12
« Sois belle maintenant, et plais à mon vainqueur. » 12
25 Elle frappe. Et sa haine, à la flamme lustrale, 12
Rit de voir palpiter le cœur de sa rivale. 12
logo du CRISCO logo de l'université