Métrique en Ligne
CHE_1/CHE14
André de CHÉNIER
ŒUVRES POÉTIQUES
tome I
1790
POÉSIES ANTIQUES ‒ ÉTUDES
XIV
Bacchus se déguisait sous un moins beau visage, 12
Quand de Tyrrhéniens une troupe sauvage 12
Vint le ravir plongé dans un profond sommeil. 12
Leur vaisseau le reçoit ; on part ; à son réveil, 12
5 Il s'étonne. On lui jure, au moment qu'il les prie, 12
De voguer vers Naxos qu'il nomme sa patrie. 12
Il dissimule, et puis, l'œil errant sur les flots : 12
« O ciel ! ah malheureux ! ce n'est point là Naxos… 12
Dieux ! grands dieux ! » et ses mains, dans ses feintes alarmes, 12
10 Déchirent ses cheveux, et ses yeux sont en larmes. 12
« Jeune homme, lui dit l'un, que nous font tes malheurs ! 12
Tu viendras nous servir ; et laisse là tes pleurs. » 12
Il dit. — Le vaisseau tremble. Et des formes terribles 12
De tigres, de lions, de panthères horribles 12
15 Fondent sur eux. En foule et n'ayant plus de voix, 12
Les traîtres du vaisseau s'élancent à la fois, 12
O prodige ! et, couverts d'une écaille étrangère, 12
Se vont, légers dauphins, cacher sous l'onde amère. 12
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