Métrique en Ligne
CAO_1/CAO5
Jean Baptiste CAOUETTE
LES VOIX INTIMES
1892
POÉSIES DIVERSES
LA PRESSE CANADIENNE
A L'HONORABLE HECTOR FABRE
Nos bardes tour à tour ont chanté la ramure, 12
La brise, le soleil, et l'oiseau qui murmure 12
En voltigeant de fleur en fleur ; 8
De notre peuple ils ont célébré l'espérance, 12
5 Les qualités, la foi, les vertus, la souffrance, 12
Le dévoûment et la valeur. 8
Ils ont, les yeux fixés aux pages de l'Histoire 12
Redit avec orgueil l'éclatante victoire 12
De nos soldats à Carillon ; 8
10 Et moi, le plus obscur du groupe littéraire, 12
J'ose venir chanter, d'une voix téméraire, 12
L'honneur d'un autre bataillon. 8
Ce bataillon figure en nos belles annales ; 12
C'est lui qui défendit nos lois nationales 12
15 Conte un farouche potentat ; 8
C'est lui qui détrôna l'infâme oligarchie, 12
Qui, méprisant nos droits, voulait par tyrannie 12
Régner et posséder l'état ! 8
Il essuya d'abord outrage sur outrage, 12
20 L'exil et la prison ; mais, sans perdre courage, 12
Dans sa lutte il persévéra. 8
Alors, nos ennemis, plus orgueilleux que braves, 12
Cessèrent à regret de mettre des entraves, 12
Et l'oligarchie expira… 8
25 Devant ce bataillon qui s'appelle la Presse, 12
Chapeau bas, Canadiens ! Et que chacun lui tresse 12
Une couronne en ce beau jour ! 2 8
Car en brisant les fers de notre servitude, 12
Il s'est acquis des droits à notre gratitude, 12
30 A notre estime, à notre amour ! 8
Et depuis lors, veillant comme une sentinelle 12
A la sécurité de la nef fraternelle 12
Qui porte les deux nations, 8
La Presse jetterait le premier cri d'alarme 12
35 Si le tyran d'hier osait reprendre l'arme 12
Pour briser nos traditions ! 8
Jamais ne sonnera cette heure malheureuse 12
Où notre beau pays, dans une guerre affreuse, 12
Verrait ses fils s'entrégorger. 8
40 Non ! car les mêmes vœux de paix et d'espérance 12
Font battre tous les cœurs de la Nouvelle-France, 12
Et nul ne songe à se venger ! 8
La Presse canadienne honore notre race ; 12
Elle suit pas à pas la glorieuse trace 12
45 Du grand Bédard, son fondateur ; 8
Comme lui sans faiblesse, elle flétrit le vice, 12
Exalte la vertu, flagelle l'injustice, 12
Défend l'Église et le pasteur. 8
Elle inspire le goût de la littérature, 12
50 Favorise les arts, surtout l'agriculture, 12
Cette mère du genre humain. 8
Toute œuvre intelligente, honnête, généreuse, 12
Tout ce qui fait enfin notre existence heureuse, 12
Porte l'empreinte de sa main ! 8
55 Devant ce bataillon qui s'appelle la Presse, 12
Chapeau bas, Canadiens ! Et que chacun lui tresse 12
Une couronne en ce beau jour ! 8
Car en brisant les fers de notre servitude 12
Il s'est acquis des droits à notre gratitude, 12
60 A notre estime, à notre amour ! 8
[Fête nationale des Canadiens-Français, 24 juin 1888.]
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