Métrique en Ligne
CAO_1/CAO26
Jean Baptiste CAOUETTE
LES VOIX INTIMES
1892
POÉSIES DIVERSES
ELLE EST MORTE !
Rose avait dix sept ans ; elle était belle et blonde ; 12
Sur son front les rayons de la candeur brillaient ; 12
Les perles de sa bouche enchantaient tout le monde ; 12
Ses cheveux en flots d'or jusqu'à ses pieds roulaient. 12
5 Ses lèvres souriaient comme celles d'un ange ; 12
Son œil d'azur jetant un vif rayonnement ; 12
Sa voix avait parfois une harmonie étrange 12
Qui me plongeant soudain dans le ravissement ! 12
Quand venait le printemps avec ses nids de mousse, 12
10 Ses brises, ses parfums, son soleil radieux, 12
Nous allions, elle et moi, ‒ réminiscence douce ‒ 12
Tout pensifs, nous asseoir sur le gazon soyeux. 12
Et là nous admirions le couchant et l'aurore 12
Déployant à notre œil leurs tableaux gracieux ; 12
15 Et nos cœurs bénissaient l'Artiste que décore 12
Toute l'immensité de la terre et des cieux. 12
Aux coupes de l'espoir nous abreuvions notre âme ; 12
Un heureux avenir brillait dans le lointain ; 12
L'Hymen allait bientôt nous verser son dictame, 12
20 Mais, hélas ! nous comptions sans le cruel destin ! 12
Et maintenant, voyez : elle est là qui repose 12
Sous la terre où chacun tôt ou tard doit dormir ! 12
Et tout ce qui me reste aujourd'hui de ma Rose, 12
C'est le parfum que m'a laissé son souvenir… 12
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