Métrique en Ligne
CAM_1/CAM3
corpus Pamela Puntel
Aimé CAMP
POÉSIES NATIONALES
1871
CHANT DE DÉPART
DES FRANCS-TIREURS ROUSSILLONNAIS
Alerte ! Francs-tireurs, alerte ! 8
L’aube a blanchi le ciel : allons ! 8
Sur les coteaux, dans les vallons, 8
La chasse homicide est ouverte. 8
5 Alerte ! Francs-tireurs, alerte ! 8
L’aube a blanchi le ciel : allons ! 8
Elle saigne, la noble France ! 8
Amis, courons à son secours. 8
Prométhée en proie aux vautours, 8
10 Le grand peuple est dans la souffrance. 8
Elle saigne la noble France ! 8
Amis, courons à son secours. 8
Blessée, elle combat encore. 8
Dans nos cœurs palpite le sein. 8
15 Répandons le sang prussien. 7
Vengeons la : sa voix nous implore. 8
Blessée, elle combat encore. 8
Dans nos cœurs palpite le sien. 8
Que chaque arbre, que chaque roche 8
20 Envoie une balle aux Uhlans. 8
Nous saurons, prompts et vigilants, 8
Des ennemis guetter l’approche. 8
Que chaque arbre, chaque roche 7
Envoie une balle aux Uhlans. 8
25 Le fer détruit, la mai profane 8
Tout ce qui faisait notre orgueil. 8
Nos campagnes sont dans le deuil ; 8
Le trépas sur nos cités plane. 8
Le fer détruit, la main profane 8
30 Tout ce qui faisait notre orgueil. 8
L’Allemagne à nos maux insulte ; 8
Elle rit de nos droits sacrés. 8
Gloire à nos frères massacrés, 8
A la justice, notre culte ! 8
35 L’Allemagne à nos maux insulte ; 8
Elle rit de nos droits sacrés. 8
A-t-elle oublié que ses fleuves 8
Ont reflété nos trois couleurs ? 8
Lorraine, Alsace, vos douleurs 8
40 Sont de passagères épreuves. 8
A-t-elle oublié que ses fleuves 8
Ont reflété nos trois couleurs ? 8
Ils ont dit que la France sombre. 8
La France sombrer… non, jamais ! 8
45 Dieu lui rendra les grands sommets. 8
Elle sortira de cette ombre. 8
Ils ont dit que la France sombre. 8
La France sombrer… non, jamais ! 8
Les hordes souillant ce sol libre 8
50 S’engloutiront sous un volcan. 8
La Patrie armée est un camp, 8
Et tout cœur de colère vibre. 8
Les hordes souillant ce sol libre 8
S’engloutiront sous un volcan. 8
55 Compagnons, espoir et courage ! 8
Le clairon sonne, il faut partir, 8
Intrépides, adroits au tir, 8
Hâtons notre sanglant ouvrage 8
Compagnons, espoir et courage ! 8
60 Le clairon sonne, il faut partir. 8
Adieu, terre roussillonnaise, 8
Vertes plaines, superbes monts ! 8
Mer, aux flots bleus, que nous aimons, 8
Doux bords où la vague s’apaise ! 8
65 Adieu, terre roussillonnaise, 8
Vertes plaines, superbes monts ! 8
O mères, sœurs et fiancées, 8
Au revoir !… Mais reviendrons-nous ? 8
Pour vous, objets si chers, pour vous 8
70 Seront nos suprêmes pensées. 8
O mères, sœurs et fiancées, 8
Au revoir !… Mais reviendrons-nous ? 8
Qu’importe la mort à qui tombe 8
Pour le pays de ses aïeux ? 8
75 A son âme s’ouvrent les cieux. 8
La liberté croit sur sa tombe 8
Qu’importe la mort à qui tombe 8
Pour le pays de ses aïeux ? 8
Alerte ! Francs-tireurs, alerte ! 8
80 L’aube a blanchi le ciel : allons ! 8
Sur les coteaux, dans les vallons, 8
La chasse homicide est ouverte. 8
Alerte ! Francs-tireurs, alerte ! 8
L’aube a blanchi le ciel : allons ! 8
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Cette pièce insérée, le Ier octobre, dans l’Indépendant des Pyrénées- Orientales, a été composé à l’occasion du départ des deux premières compagnies de Francs-tireurs roussillonnais. Elles font partie de l’armée de l’Est ; elles se sont distinguées par leur belle conduite et ont été citées plusieurs fois à l’ordre du jour.
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L’Indicateur de l’Hérault a reproduit, dans le n° du 7 octobre, ce Chant de Départ, et l’a fait précéder de l’appréciation suivante : « Nous venons de lire dans l’Indépendant des Pyrénées-Orientales et nous reproduisons le Chant de Départ des Francs-tireurs roussillonnais, que M. Aimé CAMP, Inspecteur d’Académie à Perpignan, vient d’écrire. Nous ne donnons pas la pièce de M. A. CAMP pour qu’on en apprécie la forme savamment élégante et pure, ni pour que l’on constate qu’elle est bien réellement une des meilleures qu’ait inspirées le même sujet. Nous la citons comme l’expression patriotique du sentiment français. Les Francs-tireurs de tous les départements peuvent la redire pour leur compte. Ces strophes pittoresques, harmonieuses et vibrantes sont de celles que toute mémoire retient, parce qu’elles parlent à l’âme de tous. « Si quelque jeune compositeurs de talent prêtait à ces vers émus et charmants les ailes de la musique, ils formeraient un hymne d’un effet profond. Supposez que des voix jeunes et sonores répètent cet hymne, dès l’aube, à tous les échos des vallons, et les paysans qui l’entendent tressaillent et se rappellent la Patrie ! Ils frissonnent, ils se lèvent…»
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