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CAM_1/CAM1
corpus Pamela Puntel
Aimé CAMP
POÉSIES NATIONALES
1871
A LA JEUNE GÉNÉRATION
Remember
Enfants, souvenez-vous de nos malheurs sans nombre, 12
De nos drapeaux en deuil, où pend une crème sombre, 13
Des souillures de notre sol ; 8
Grandissez pour venger ce que souffrent vos pères, 12
5 Pour atteindre, au-delà du Rhin, dans leurs repaires, 12
Les héros d meurtre et du vol. 7
Dans vos amusements, dans vos joyeuses fêtes, 12
Songez au sang versé, songez à nos défaites, 12
Et, saisis d’un frisson au cœur, 8
10 Aspirez à ce temps où vous serez de taille 12
A jouer d’autres jeux, les jeux de la bataille 12
Qui rendra le pays vainqueur. 8
Aux heures d’étude féconde, 8
Des siècles écoutez la voix ; 8
15 Interrogez l’homme et le monde, 8
Et sondez les divines lois. 8
Sous les cieux la pensée est reine ; 8
De sa puissance souveraine, 8
Armez-vous, athlètes constants ; 8
20 Qu’un jour de ce labeur austère, 8
Jaillisse, comme d’un cratère, 8
La vengeance aux traits éclatants. 8
Enfants, souvenez-vous — Et quand al jeune fille, 12
Dont le charme si doux comme un pur rayon brille, 12
25 Troublera vos cœurs enivrés : 8
Quand sa lèvre, fleur d’or, s’ouvrira pour vous dire, 12
O fiancé, pourquoi ce douloureux sourire, 12
Et pourquoi ces regards navrés ? 8
Des désastres publics dans mes yeux est le signe. 12
30 Répondrez-vous ; de toi je ne serais pas digne 12
Si j’oubliais ceux qui sont morts ; 8
Et si, sourd à l’appel de la sainte patrie, 12
Au bonheur de l’amour, ô ma vierge chérie, 12
Je m’abandonnais sans remords. 8
35 Cachez, sous le myrte et les roses, 8
Le glaive de la liberté. 8
Qu’à vos fronts noblement moroses 8
Se joue un éclair de fierté. 8
Réclamez l’heure de combattre, 8
40 Et ne vous laissez pas abattre 8
Par tant de misère et de deuil ; 8
Car de l’Allemagne insolente 8
Némésis, à punir trop lente, 8
Par vos mains frappera l’orgueil. 8
45 Enfants, souvenez-vous — Vous êtes purs des fautes 12
Qui nous ont entraînés des cimes les plus hautes 12
Dans un abîme de revers. 8
Vos cœurs n’ont pas connu la triste défaillance. 12
Vous, l’honneur non terni, vous la jeune vaillance, 12
50 Vous êtes l’arbre aux rameaux verts. 8
Le vieux tronc est tombé sous la hache germaine ; 12
Mais de nos ennemis la fureur inhumaine 12
Frémira contre vous en vain. 8
Vous croitrez, débordant de généreuse sève, 12
55 Comme sur la montagne un grand chêne s’élève 12
Tout baigné de l’éther divin. 8
A vous les immortels trophées, 8
Les patriotiques exploits, 8
Et nos discordes étouffées 8
60 Par votre saint amour des lois. 8
A vous, la gloire que ne souille 8
Aucun intérêt de sa rouille ; 8
A vous les plus nobles ardeurs ; 8
En vous, intrépide jeunesse, 8
65 Il faut que la France renaisse 8
Dans ses héroïques grandeurs. 8
Enfants, souvenez-vous. — Sur son lit d’agonie 12
La France se soulève, et, sanglante, honnie, 12
Vous regarde et dit : «Je vivrai. 8
70 D’un passé condamné cette heure est la dernière. 12
Mes fils sont l’avenir du monde, et leur bannière 12
Est celle du juste et du vrai.» 8
Vous vaincrez par l’effort et par le sacrifice. 12
Des molles passions repoussez l’artifice. 12
75 Gardez à l’âme son pouvoir. 8
Vivre n’est pas cueillir des fleurs dans une plaine, 12
Ni boire en un banquet la joie à coup pleine ; 11
C’est s’immoler à son devoir. 8
Devoir, patrie, honneur sévère, 8
80 Et liberté qui ne meurt pas, 8
Tout ce que votre cœur révère 8
Vous convie aux sanglants combats. 8
De tant de cités ravagées 8
Et de familles outragées 8
85 La vengeance est l’unique vœu. 8
Vengeance, dit le vent qui passe ; 8
L’étoile, brillant dans l’espace, 8
Écrit Vengeance en traits de feu ! 8
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