Métrique en Ligne
BUS_1/BUS52
Alfred BUSQUET
POÉSIES
1884
CHOSES D’AUTREFOIS
L’ATTENTE
Les paroles de la prière,
Ces roses du jardin de Dieu !
Tandis que Jésus sur les routes 8
S’en va confesser le Gentil, 8
La mère en proie aux tristes doutes 8
Se dit : Maintenant que fait-il ? 8
5 A-t il pour reposer sa tête 8
Le tronc rugueux de l’olivier ? 8
A-t-il évité le sentier 8
Du Pharisien qui le guette ? 8
Depuis longtemps j’attends, hélas ! 8
10 Et mon enfant ne revient pas. 8
Le plus beau, le plus doux des hommes. 8
C’est mon fils, mon fils bien-aimé ! 8
Ah ! malheureuses que nous sommes ! 8
Pauvre cœur d’amour affamé ! 8
15 S’ils savaient, ces bourreaux qu’on aime, 8
Combien l’attente fait souffrir, 8
On les verrait tous accourir 8
Pour calmer notre peine extrême ! 8
Depuis longtemps j’attends, hélas ! 8
20 Et mon enfant ne revient pas. 8
Je pleure, le lin qui s’embrouille 8
Ne roule plus sur mes fuseaux. 8
J’ai laissé tomber ma quenouille. 8
Faites vos nids, petits oiseaux ! 8
25 Pourtant, le ciel est plein de joie ; 8
J’entends le martinet moqueur. 8
Oh ! comme il fait noir en mon cœur ! 8
Larmes, coulez, et qu’il s’y noie. 8
Depuis longtemps j’attends, hélas ! 8
30 Et mon enfant ne revient pas. 8
Où peut-il être ? où donc aller 8
Pour te revoir, mon doux Messie ? 8
Le père a pour se consoler 8
Le rabot, la pince et la scie. 8
35 Du seuil où j’attache ma vue, 8
J’entends le tour aller, venir… 8
Moi, je n’ai que le souvenir. 8
C’est le souvenir qui me tue ! 8
Depuis longtemps j’attends, hélas ! 8
40 Et mon enfant ne revient pas. 8
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