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Alfred BUSQUET
POÉSIES
1884
CHANSONS DE TOUS LES PAYS
MAGALI
CHANSON PROVENÇALE
Traduite de Miréio de F. Mistral
Canto-ie Magali, Magali
qu’à l’amour escapavo pèr
milo escampo. Magali que se
fasié pampo, auceù que volo,
rai que lampo et que toumbè
pamens, amourouso à soun
tour.
F. Mistral.
O Magali, ma tant aimée, 8
Montre-moi tes yeux souverains ; 8
Écoute Faubade enflammée 8
Des fifres et des tambourins. 8
5 Là-haut, le ciel est plein d’étoiles. 8
Mort est le vent. 4
Elles pâliront sous leurs voiles 8
En te voyant. 4
— Moins que des roseaux qui susurrent, 8
10 De ton aubade je fais cas ; 8
Mais dans les flots blonds qui murmurent 8
Je m’enfuis, anguille du raz. 8
O Magali, ma chère blonde. 8
Si tu te fais poisson dans l’onde, 8
15 Moi, le pêcheur je me ferai, 8
Je te pêcherai. 5
Si tu te fais pêcheur fidèle. 8
Quand tes verveux tu jetteras, 8
Je me ferai l’oiseau dont l’aile 8
20 M’emportera loin de tes lacs. 8
Si tu deviens oiseau qui vole. 8
Je te suivrai, sur ma parole. 8
Et le chasseur je deviendrai ; 8
Je te chasserai. 5
25 Aux perdreaux gris, aux bouscarilles, 8
Si tu viens tendre tes lacets. 8
Parmi les fleurs et les brindilles. 8
Je me cacherai tout exprès. 8
O Magali, chère petite, 8
30 Si tu te fais la marguerite, 8
Moi, Peau limpide je serai, 8
Je t’arroserai. 5
Si tu te fais Ponde magique. 8
Je serai le nuage errant. 8
35 Et tout là-bas, en Amérique, 8
J’irai par delà l’Océan. 8
O Magali, loin de nos plaines. 8
Si tu fuis aux Indes lointaines. 8
Le vent de mer je deviendrai ; 8
40 Je te porterai. 5
Si, vent marin, tu me menaces. 8
Je fuirai d’un autre côté. 8
Du grand soleil qui fond les glaces 8
Je serai le rayon d’été. 8
45 O Magali, si ta couronne 8
Devient le soleil qui rayonne. 8
Le lézard vert je deviendrai ; 8
Je te boirai. 4
Si tu te fais la salamandre 8
50 Qui se cache dans les viviers, 8
On me verra lune descendre 8
Afin d’éclairer les sorciers. 8
O Magali, ma souveraine, 8
Si tu te fais lune sereine. 8
55 Belle brume je me ferai. 8
Je t’enserrerai. 5
Si brume épaisse tu m’enserres. 8
Ne crois pas encor me tenir, 8
Rose virginale, aux parterres. 8
60 Sur le buisson j’irai fleurir. 8
O Magali, ma colombelle. 8
Si tu te fais la rose belle. 8
Papillon, moi, je me ferai ; 8
Je te baiserai. 5
65 Va, poursuivant de courte haleine. 8
Tu ne m’auras jamais, jamais… 8
Car sous l’écorce d’un vieux chêne, 8
J’habiterai le bois épais. 8
O Magali, le ciel f entende ! 8
70 Si tu te fais chêne en la lande, 8
Touffe de lierre me ferai, 8
Je t’embrasserai… 5
Si tu veux m’étreindre à ton aise. 8
Tu n’auras qu’un tronc vermoulu, 8
75 Car blanche nonnette à Saint-Blaise 8
J’entrerai : tu l’auras voulu. 8
Magali, si tu deviens nonne, 8
Eh bien, que le ciel te pardonne. 8
Prêtre, je te confesserai. 8
80 Je t’entendrai. 4
Du couvent tu franchis la porte. 8
Soit ! ce jour-là tu me verras. 8
Au milieu de mes sœurs, mais morte ! 8
Alors qu’est-ce que tu diras ? 8
85 O Magali, si de la sorte 8
Tu te fais, hélas ! pauvre morte. 8
Eh bien, terre je me ferai ; 8
Là, je t’aurai ! 4
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