Métrique en Ligne
BUS_1/BUS33
Alfred BUSQUET
POÉSIES
1884
CHANSONS DE TOUS LES PAYS
CHANSON NORMANDE
Je vois la fille au capitaine
A sa fenêtre, à s’y peigner.
(Ballade populaire).
— Matelot, posté dans la hune, 8
Que vois-tu sur le flot lointain ? 8
— Je vois la lune 4
Faisant des cornes au matin. 8
5 — Dis-nous, vois-tu quelque autre chose, 8
Bon matelot ? 4
— Je vois blêmir l’horizon rose 8
Et le soleil comme un falot. 8
— Bon matelot, vois-tu la terre 8
10 Que nous appelons de nos vœux ? 8
— J’ai de bons yeux. 4
Mais de la voir je désespère. 8
— N’entends-tu rien, bon matelot ? 8
— J’entends encore, 4
15 J’entends comme un lointain sanglot 8
Venu du pays que j’adore. 8
Ma mère est morte, après ma sœur ; 8
De la maison, c’était la joie 8
Et la douceur. 4
20 Faut-il qu’au tombeau je l’envoie ! 8
Ma fiancée est morte aussi ; 8
Pauvre colombe ! 4
Adieu, compagnons, j’ai souci 8
De la rejoindre dans la tombe. 8
25 — Descends vite, bon matelot ; 8
Voici le port, voici la terre 8
Et puis ta mère 4
Qui te cherche avec un sanglot. 8
Voici ta pâle fiancée. 8
30 Ta sœur, hélas ! 4
Et ton père, dont la pensée 8
Te suivait dans tous les climats. 8
Amis, votre clameur est vaine, 8
Mort est celui qui souffrait tant ! 8
35 — Et l'on entend 4
Lèvent souffler dans la misaine. 8
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