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Alfred BUSQUET
POÉSIES
1884
CHANSONS DE TOUS LES PAYS
CHANSON CHINOISE
A ANTOINE FAUCHERY, MORT A YOKOHAMA.
J’ai vu, ce soir, de ma terrasse, 8
Son front si clair briller dans l’eau ; 8
Pour le baiser, j’étais trop haut, — 8
Pour le fuir — j’avais trop d’audace ! 8
5 Verse, Bouddha, verse l’oubli 8
Au petit cousin de Fô-Li. 8
Il flottait, coupé par la lame. 8
Comme un gracieux nénuphar ; 8
Ce front fuyant sera ma dame. 8
10 Je le jure par mon kandjar ! 8
Verse, Bouddha, verse l’oubli 8
Au petit cousin de Fô-Li. 8
Sous les roses fleurs du pêcher, 8
J’ai noyé le beau front rebelle, 8
15 Mais il reparaît de plus belle… 8
Le flot ne veut pas le cacher ! 8
Verse, Bouddha, verse l’oubli 8
Au petit cousin de Fô-Li. 8
Ah ! pour suivre et baiser sa trace 8
20 Si j’étais l’ombre du sureau ! 8
Je m’en irais au fil de l’eau … 8
Maudit soit cet amour fugace ! 8
Verse, Bouddha, verse l’oubli 8
Au petit cousin de Fô-Li. 8
25 A l’heure où la lune se lève. 8
Je veux revenir chaque soir 8
Sur la terrasse, afin de voir 8
Radieux, se lever mon rêve ! 8
Verse, Bouddha, verse l’oubli 8
30 Au petit cousin de Fô-Li. 8
Et pour arrêter le contour 8
Du jeune et gracieux visage 8
Qui devant mes yeux flotte et nage, 8
Libellule de mon amour ! 8
35 Verse, Bouddha, verse l’oubli 8
Au petit cousin de Fô-Li. 8
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