Métrique en Ligne
BRT_1/BRT95
Mélanie Bourotte
Le sphynx au foyer
1883
PROVERBES
XCV
J'aime les champêtres effluves : 8
L'odeur du raisin dans les cuves, 8
Des blés mûrs au sillon, des pommes au pressoir. 12
J'aime, quand bouillonne la sève, 8
5 Les senteurs que la brise enlève 8
À la corolle d'or, végétal encensoir ! 12
Des bois, des landes et des chaumes, 8
Il se dégage tant d'arômes 8
Que l'on n'y peut songer aux tristes lendemains… 12
10 Et l'esprit a le vol plus libre, 8
Et le sang bout dans chaque fibre 8
Quand de foin, sur les chars, s'embaument les chemins. 12
L'hiver, dans l'étable prochaine, 8
Au râtelier d'aune ou de chêne, 8
15 Ces parfums des prés verts demeurent attachés ; 12
Et les grands bœufs aux fortes hanches, 8
Au rude poil, aux cornes blanches, 8
Ruminent indolents, vers la crèche penchés. 12
À côté, le cheval s'ébroue ; 8
20 Plus loin, le dindon fait la roue ; 8
Au bât prêtant leur dos, les ânes vont partir. 12
Dans un coin, les lapins se grattent. 8
Mais au dehors les coqs se battent, 8
Et de leurs cris aigus la cour va retentir. 12
▪ Quand il n'y a plus de foin au râtelier, les ânes se battent.
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