Métrique en Ligne
BRS_1/BRS57
Henri BARBUSSE
Les Pleureuses
1895
LE SILENCE DES PAUVRES
LE PREMIER POÈTE
Immobile comme on le doit, 8
Près du troupeau, près de la butte, 8
L'enfant, tout le long de sa flûte 8
Cherchait sors âme avec ses doigts. 8
5 Il contemplait l'eau qui module, 8
L'arbre sensible, le sommet ; 8
Tout ce mystère qu'il nommait, 8
Parmi le silence crédule. 8
Et le ciel bleu penché partout, 8
10 Et la lumière sans limite. 8
Il disait, inspiré : « J'imite 8
« Le bonheur de regarder tout. 8
« Voici régner le soleil vague, 8
« Voile terrible des grands champs ; 8
15 « Je voudrais que mon sombre chant 8
« Fût beau comme un regard qui vague. » 8
Le monde s'éveillait, bercé, 8
Et c'était le printemps des choses, 8
Puisqu'une bouche était éclose 8
20 Sur le grand désert du passé. 8
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