Métrique en Ligne
BRS_1/BRS45
Henri BARBUSSE
Les Pleureuses
1895
LA HAINE
LE SOMMEIL
Tandis qu'au milieu du silence 8
Tu t'endors sous le rideau noir, 8
Je sens éclore ton absence 8
Dans la grande chambre du soir. 8
5 Quelle immense pitié se lève, 8
Pauvre ange aux yeux clos, à te voir 8
Lorsque tu dors, blanche de rêve, 8
Auprès de moi triste du soir. 8
Tu ne me connais plus, ma reine, 8
10 Tout entière à l'espoir tremblant 8
Ta petite main tient à peine 8
La douce vie et le drap blanc. 8
Et je reste seul, et je pense 8
Que tu rêves bien loin du jour, 8
15 Et que ton repos est immense 8
Et divin comme notre amour ! 8
Nous en avons comme un présage 8
Au fond des soirs mystérieux, 8
Lorsque notre âme fait naufrage 8
20 Dans la fatigue de nos yeux. 8
Je suis seul parmi toutes choses, 8
Hélas, tout se tait devant moi, 8
Et ta figure aux lèvres closes 8
Est comme un souvenir de toi. 8
25 Je te vois tranquille et sans geste, 8
Ton sourire s'est effacé… 8
On dirait l'adieu qui vous reste 8
Quand on est seul dans le passé. 8
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