Métrique en Ligne
BRS_1/BRS28
Henri BARBUSSE
Les Pleureuses
1895
LES CHOSES
LE MORT
Il dort dans sa fête d'aïeul. 8
Sur le mur, c'est la même estampe ; 8
La chambre n'attend plus la lampe, 8
Et le soir semble entrer tout seul. 8
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5 Tout bruit s'est tu — Le lit est mort ; 8
Simplement, le rideau se penche. 8
Seule — sur la poitrine blanche 8
La croix d'ébène pense encor. 8
Tout doucement c'est lui qui règne. 8
10 L'ombre implore ses regards clos. 8
Voici sur son front en repos 8
Le malheur de la nuit qui saigne. 8
Et le silence, hymne qui dort, 8
Le transfigure d'un vieux charme. 8
15 Il est dans la beauté des larmes, 8
Et nous, nous sommes dans la mort… 8
Consolé, c'est lui qui console 8
Les pauvres choses de toujours… 8
Dans la morne clarté des cours 8
20 Le monde contemple l'idole 8
Il est comme au cœur de l'adieu 8
Que fait la terre ténébreuse ; 8
Sa chair est calme et bienheureuse 8
Et mort, c'est lui qui croit en Dieu ! 8
25 Vers lui va toute voix qui chante, 8
Tout amour béni de souffrir… 8
Le soir achève de mourir 8
Sur sa tranquillité vivante. 8
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